L'Art et l'émotion....

Il y a longtemps de cela, par un dimanche frisquet de fin d'automne tandis que nous roulions en voiture mes filles et moi dans l'arrière pays varois; mon attention fut attirée par un grand panneau adossé au mur d'un vieux moulin restauré, lequel informait les promeneurs qu'une exposition de peinture se déroulait en ce lieu...

L'endroit était propice à la mise en valeurs de toiles de maîtres, un éclairage adéquat disposé ca et là dans la pierre permettait d'attirer le regard sur les pièces les plus importantes de la collection.. Au milieu de la salle quelques porte-esquisses, une douzaines de visiteurs et un petit groupe en grande discussion dont le personnage central, portant chapeau et écharpe blanche me semblait être le peintre exposé...

Mon regard parcourut l'assemblée, puis les oeuvres exposées dont le marron semblait la note dominante...toutes sortes de marrons dont il semblait que le peintre ait choisi les tons les plus ternes, les plus éteints pour réaliser ses toiles...

J'eus beau m'approcher, reculer, fouiller le moindre recoin, farfouiller parmi les esquisses protégées par un plastique transparent, rien ne suscita ne serait qu'une once d'émotion... bien au contraire, ce fut un sentiment de colère mêlé de frustration qui s'empara de moi, me surprenant sur l'instant...

Je ne ressentais pas l'âme de cet homme dans son travail.. il y avait bien de la couleur dans ces personnages, ces paysages exposés.. mais l'homme n'y était pas... Ce n'est qu'en sortant du moulin que je découvris derrière la porte deux petits tableaux qui me ravirent l'âme, mais ceux ci étaient le fruit du travail d'un élève....

Ce jour là je découvris que la peinture, l'art n'est pas une question de talent seulement, mais une question d'émotions, de don de soi, de résonnances...

J'ouvre donc ce topic aux toiles qui nous enchantent, célèbres ou non, sans autre critère que le coup de coeur immédiat...

Ma sélection du jour (peintre célèbre)



la pièce doit sentir la térébentine et le café, il est tôt encore mais la lumière du jour se reflète sur les objets à travers les rideaux à demi fermés. Dehors les champs de blés dorés s'étendent presque à perte de vue...

il fait encore un peu frisquet. L'homme s'est couvert d'un gros pull taché de pigments. Sa toile est finie, les pinceaux rincés attendent le moment propice pour reprendre du service, les bouteilles vides commencent à se couvrir d'un voile de poussière...Le torchon de la panière qu'on ne voit pas est vide également, l'homme n'en voit que les plis, son estomac lui, le pousse vers la porte en quête de pain frais...

Mais le mangera t'il ou bien cèdera-t-il à l'envie de l'immortaliser lui aussi ???