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Le Mexique, les paramilitaires et nos PC

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 :: Politique

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Le Mexique, les paramilitaires et nos PC Empty Le Mexique, les paramilitaires et nos PC

Message  Non2 Lun 8 Aoû - 20:43

Mexique : cinquante millions contre les Triquis de Copala

Ils s’appelaient José Luis Ramírez Hernandez, Francisco Ramírez Merino et Alvaro Jacinto Cruz. Dimanche 7 août, sur le zocalo de la ville d’Oaxaca, des dizaines de touristes longent, indifférents, leurs trois cercueils alignés devant l’entrée du palais du gouverneur. Tout autour, portant leurs longues tuniques comme autant de taches de sang, les femmes triquis veillent leurs hommes. Une poignée d’hommes et femmes de la ville, militants de groupes locaux et de l’Autre Campagne, les accompagnent. Pancartes, tracts, prises de parole. Derrière chacun des cercueils, la veuve ou l’un des orphelins [1] se tient, digne, silencieux. Mais le désespoir se lit sur les visages.

Vendredi soir, les assassins attendaient José Luis, Francisco et Alvaro, originaires de la communauté d’Agua Fría et membres du Municipio Autónomo de San Juan Copala. Ils les ont froidement abattus, d’une balle dans la tête.

Celui-ci avait été proclamé en janvier 2007 par des centaines d’Indiens triquis, las de la violence, de l’exploitation et la corruption exercées par les représentants de l’État et des partis politiques. Se déclarer autonomes signifiait chasser les caciques à la solde des autorités régionales, les policiers véreux, et tenter de reconstruire ensemble les écoles, les maisons de santé, l’ensemble des éléments de la vie commune. Les indiens savent parfaitement faire tout cela. Le gouverneur de l’État de l’époque, Ulises Ruiz Ortiz, ne leur en a pas laissé l’occasion.

En trois ans et demi, vingt-quatre membres du municipio autonome ont été assassinés [2] par les paramilitaires. C’est qu’au Mexique le pouvoir ne tue directement que s’il y est obligé. Il préfère envoyer des tueurs, plus discrets et moins compromettants aux yeux de l’opinion internationale.

Depuis presque un an, les habitants de San Juan ont été chassés de leurs maisons. Le bourg est occupé par leurs assassins, des paramilitaires du MULT et de l’Ubisort, affiliés au PUP (Parti d’unité populaire) et au PRI (Parti révolutionnaire institutionnel). Dans sa propagande, le MULT-PUP parle de socialisme et d’Emiliano Zapata, dénonce le "pouvoir criminel", notamment après la mort, il y a quatre mois, de son principal dirigeant (tué dans une voiture officielle, alors que des policiers du gouverneur l’escortaient)... Le PRI, quant à lui, est toujours membre de l’Internationale socialiste, comme son rival le PRD, lui aussi coutumier des pratiques mafieuses et du recours aux tueurs à gages.

Samedi matin, la police a intercepté le convoi funèbre, pour tenter d’empêcher toute protestation devant le palais du gouverneur. Celui-ci, Gabino Cué Monteagudo, est arrivé au pouvoir avec un discours de paix et de renouveau. La coalition qui l’a soutenu allait de l’extrême droite (le PAN, Parti d’action nationale) à la gauche (PRD, et même, en sous-main, l’"extrême gauche" du FPR et du PUP).

Gabino Cué vient d’allouer cinquante millions de pesos au PUP. Les paramilitaires coûtent cher. Mais la "paix sociale" n’a pas de prix. Surtout si l’on songe que les montagnes triquis abriteraient des gisements de métaux rares, de ceux dont l’industrie électronique et informatique ont tant besoin.

Dimanche, les femmes triquis du municipio autonome ont déjoué les barrages du gouverneur et rendu publiquement hommage à leurs morts. Malgré les touristes qui ne voulaient rien voir. Malgré le ministre local de la santé, craignant que l’exposition des cadavres ne "représente un risque" pour la santé. Malgré les policiers en civil, venus filmer les sympathisants présents au rassemblement. Et, de la foule qui peu à peu s’est massée devant le palais, des hommes et des femmes venaient se recueillir un instant, et laisser une pièce ou un billet, pour participer aux obsèques.

Vers 13 h 30, la police est venue déloger violemment les femmes triquis. Une enfant de six ans, sa grand-mère et six autres personnes ont été blessées.

Tout n’est pas désespérant cependant, dans la terrible saignée qui, sous prétexte de "guerre contre le narco", ravage le Mexique. Dans La Jornada du 7 août, la journaliste Gloria Muñoz recense un accroissement des cas où les populations indigènes et rurales décident d’organiser leur autodéfense. Dans ces régions- là, qu’il s’agisse des communautés zapatistes du Chiapas ou, par exemple, des 65 villages de la Costa Chica et de la Montaña du Guerrero, ou encore à Cherán, dans le Michoacán, la violence et la délinquance ont quasiment disparu.

En juin dernier, la Caravane pour la paix, la justice et la dignité avait, en traversant tout le centre et le nord du pays, montré l’énorme potentiel d’indignation et de résistance du peuple mexicain. Les embrassades entre son porte-parole, Javier Sicilia, et le président Calderon, avaient brutalement coupé l’élan qui se dessinait. Mais les jeux ne sont pas encore faits. C’est peut-être pour cela que l’on apprend, aujourd’hui 8 août, que des "conseillers spéciaux" US opèrent depuis une base militaire mexicaine du nord du pays, employant les "mêmes modèles qu’en Afghanistan [3]".

Revenons à San Juan Copala. On peut soutenir le Municipio Autónomo. Sur le site Internet ouvert par ses membres, on trouve les coordonnées d’un compte bancaire :
Banamex : 8107536, sucursal 100,
a nombre de Víctor Castillo Pérez.
Para depósito internacional :
Clabe interbancaria 00218001008001075360

Le dernier chiffre est à utiliser pour un virement international. Même si l’on n’arrivera pas aux cinquante millions alloués par Gabino Cué aux paramilitaires, tout apport est le bienvenu.

Le 8 août 2011,
Jean-Pierre Petit-Gras

[1] Les trois hommes avaient respectivement trente-neuf, trente-sept et vingt et un ans. Ils laissent onze orphelins. En 2007, les paramilitaires avaient déjà tenté de tuer José Luis. Ne pouvant l’atteindre, ils avaient abattu son fils de six ans.

[2] Parmi ces victimes, rappelons l’activiste des droits humains Bety Cariño et le jeune observateur finlandais Jyri Jaakkola.

[3] L’information a fait l’objet d’un reportage dans le New York Times, repris par le quotidien mexicain La Jornada.
http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=849
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Message  Loatse Mar 9 Aoû - 2:37

Si j'ai bien compris ce sont des autonomistes qui veulent s'affranchir du joug de l'état ????

je connais très mal le mexique, sa politique mais ce que je sais c'est que les gens y sont très pauvres généralement puisque beaucoup d'entre eux tentent d'émigrer aux états unis...

je lis que dans ces régions ou vivent les indiens triqui , la violence et la délinquance avait fortement diminuée... ca intéresse qui ca ??? pas les gouvernements je pense d'après le constat que l'on peut faire en europe... la santé ? les écoles ? le bien etre du peuple non plus.... :evil:

Surtout si l’on songe que les montagnes triquis abriteraient des gisements de métaux rares, de ceux dont l’industrie électronique et informatique ont tant besoin.

Manquerait plus que ça que ces "salauds de pauvres" puissent s'approprier ce qui est sur leur terre et y constuire des hopitaux, des écoles etc.... bref être heureux ! Sad

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Message  Non2 Mar 9 Aoû - 3:53

Loatse a écrit:Si j'ai bien compris ce sont des autonomistes qui veulent s'affranchir du joug de l'état ????
Presque. Ce sont des gens, essentiellement des Indiens mais pas seulement, qui essayent de faire respecter les droits que leur garantissent les lois et la constitution mexicaine, contre l'appropriation des terres faite par les multinationales (pétrole, bois, agro-alimentaire, compagnies minières, ...) avec la complicité du gouvernement.

Loatse a écrit:je connais très mal le mexique, sa politique mais ce que je sais c'est que les gens y sont très pauvres généralement puisque beaucoup d'entre eux tentent d'émigrer aux états unis...
Peu de gens s'y intéressent, peu de médias en parlent. La révolution initiée en 1911 par le président Madero a été écrasée d'abord par l'assassinat de Madero (dont on parle dans le morceau "la cucaracha") en 1913 puis par le débarquement des marines US en 1914. De révolutions en contre-révolutions, en révolutions dans la révolution, finalement, ce sont toujours des partis "révolutionnaires" qui sont au pouvoir, mais totalement inféodés aux multinationales.

Un relatif équilibre s'était établi, mais la mondialisation et le reaganisme/tatchérisme a commencé à faire des ravages chez les plus pauvres. Sans grand bruit, des communautés autonomes et pacifiques (les caracoles) se sont installées un peu partout, et ont commencé à fonctionner. La répression a commencé à sévir, et voyant que les actes pacifiques ne servaient à rien, ils ont créé l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN).

Le jour de l'introduction du Mexique dans l'ALENA, refusée par la presque totalité de la population, mais imposée par le gouvernement, le 1er janvier 1994, l'EZLN a pris possession de larges territoires au Chiappas, chassant les multinationales qui occupaient illégalement la terre et les représentants du gouvernement. Puis l'EZLN s'est retirée, laissant la place aux gouvernements civils des caracoles, et n'intervenant que lorsque les militaires, paramilitaires, armées privées, etc. s'en prenaient à la population.

La répression du gouvernement de Mexico est particulièrement féroce du côté d'Oaxaca, surtout depuis 2006. On en est là.

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Loatse a écrit:je lis que dans ces régions ou vivent les indiens triqui , la violence et la délinquance avait fortement diminuée... ca intéresse qui ca ??? pas les gouvernements je pense d'après le constat que l'on peut faire en europe... la santé ? les écoles ? le bien etre du peuple non plus.... :evil:
Le peuple, si. La délinquence, là, c'est d'abord les meurtres ciblés, les pillages et les viols en masse exercés par des bandes organisées (quand l'un d'eux se fait tuer, on découvre par hasard qu'il s'agit d'une "brebis galeuse" des "forces de sécurité), ainsi que le trafic de drogue dont la police n'a jamais trouvé le moindre suspect (comme par hasard).

Loatse a écrit:
Surtout si l’on songe que les montagnes triquis abriteraient des gisements de métaux rares, de ceux dont l’industrie électronique et informatique ont tant besoin.

Manquerait plus que ça que ces "salauds de pauvres" puissent s'approprier ce qui est sur leur terre et y constuire des hopitaux, des écoles etc.... bref être heureux ! Sad
Des hôpitaux, des écoles, des silos à grains, et bien d'autres choses, les caracoles en ont bâti en nombre. Parfois détruits lors des "interventions contre les trafics de drogue", mais toujours reconstruits par les gens lorsqu'ils n'ont pas été massacrés.

Mais les métaux rares ne les intéressent pas. Ils veulent laisser la terre-mère intacte (ils sont Indiens pour la plupart), et préfèrent l'agriculture à l'industrie. Hé oui, les jacqueries ne sont pas mortes ! cheers
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Message  Non2 Jeu 23 Aoû - 7:46


https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=FjUurtWPf_U

Message des zapatistes de San Marcos Aviles
20 août 2012

Selon plusieurs organisations de droits de l'homme, la population de la communauté indigène de San Marcos Avilés (Chiapas, Mexique) court le risque d'être agressée et déplacée. Deux cents membres de la communauté sont ainsi à nouveau et soudain menacés suite aux élections mexicaines qui ont eu lieu en juillet et été remportées officiellement par le candidat du PRI.

Les agresseurs, qui soutiennent le gouvernement officiel, s'organisent en groupes de choc, à la façon des groupes paramilitaires. Des observateurs précisent que la communauté vit une situation d'encerclement et que les familles sont traumatisées.

En 2010 déjà, toute la population (170 âmes) harcelée a été contrainte de s'enfuir et de chercher refuge dans la montagne en période de pluie. Aujourd'hui, elle craint que cette tragédie se répète. Les agresseurs menacent de séquestrer les autorités communautaires et de déplacer de force le reste de la population.

Vu la gravité de la situation, un appel urgent de solidarité a été diffusé.
Pour plus d'information: http://sanmarcosaviles.wordpress.com/
http://espoirchiapas.blogspot.fr/2012/08/video-message-des-zapatistes-de-san.html
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=FjUurtWPf_U
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