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Message  Non2 Mar 12 Avr - 2:57

Nei ? Kêzåkø ? Ça veut simplement dire "non" en islandais. L'Islande, vous savez, ce petit caillou au large du Groenland ... ce petit pays qui, jusqu'au début des années 2000 avec une des espérances de vie les plus élevées au monde, au premier rang dans l'indice de développement humain, un taux de chômage quasiment nul, etc., la pêche à la morue, les moutons, l'eau chaude qui jaillit de la glace et des paysages à faire pleurer de beauté .... Mais certains prestidigitateurs s'affairent à transformer ce "nei" en "já".

Oui, mais, voilà ! Dans les années '80, les prêts ont été indexés sur les prix, pas sur les salaires. L'Islande commence à privatiser son secteur bancaire en 1999. En 2003, lors de la phase finale de la privatisation des banques, la dette publique est montée en flèche. Au fil des ans, la proportion des emprunts à court terme est montée en flèche aussi. En 2006, une mini-crise et l'agence de notation Fitch dégrade la note de la dette publique islandaise et la compare à celle de la Thaïlande de 1997.

Kaupthing, Glitnir, et Landsbanki (à travers sa filiale anglaise en ligne Icesave), trois banques privatisées en 2003, se dotent de fonds hautement spéculatifs et agissent essentiellement sur Londres, Luxembourg et les pays scandinaves. Leur préférence en matière de casino est la City, totalement dérégulée. En 2008 la krona (monnaie, la couronne islandaise) a dévalué de 50 % et l'inflation a atteint un taux à 2 chiffres.

Entre 2006 et 2008, les trois banques citées proposent des comptes courants rémunérés, en devises étrangères, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Les comptes sont rarement rémunérés dans des banques européennes, c'est le succès. Ces banques augmentent leurs réserves propres, offrent des prêts alléchants indexés sur des devises fortes, et placent une bonne part de leurs réserves dans des produits financiers étrangers dont certains se révéleront nocifs.

Personne ne voit d'inconvénient à ce que Icesave propose à ses clients des taux mirobolants, ni à ce que les citoyens britanniques et néerlandais y investissent en toute connaissance de cause. Octobre 2008, Landsbanki, maison mère de Icesave, fait faillite, peu après Lehman Brothers. Personne non plus ne voit alors d'inconvénient quand Londres et Amsterdam épongent les pertes des spéculateurs, puisque ces gouvernements comptent se retourner contre l'état islandais pour les 3,8 milliards d'euros. De plus, la première ministre islandaise est d'accord.

Le FMI propose un prêt, qui devra être complété par des prêts venant de Finlande, de Suède, de Norvège, du Danemark et de Pologne. Bien sûr, une cure d'austérité sera imposée. Les avoir des banques islandaises sont gelées au Royaume-Uni dans le cadre d'une loi anti-terroriste. Les gros coups vont contre la protection sociale et les retraites, et il y a un grand nombre de fermetures d'hôpitaux.

En clair, avant 2003, les profits étaient tels que les banques devaient être privatisées. En 2009, les pertes étaient telles que l'état était sommé de les nationaliser et d'emprunter pour couvrir leurs pertes avant de les re-privatiser et de réformer ses finances pour que les contribuables islandais payent la facture.

Oui mais non ! Le gouverneur de la banque centrale islandaise déclare : « nous n’avons pas l’intention de rembourser les dettes des banques qui ont été trop téméraires ». En fait, ces dettes représentent la moitié du PIB islandais de 2009, l'état n'a pas les moyens de payer. D'où les grosses manifestations de 2009-2010 en Islande.

Le 16 juillet 2009, l’Islande dépose officiellement sa candidature à l’Union européenne. Le 30 décembre 2009, l’Althingi (parlement) accepte les accord de prêts, 100 € par habitant et par mois pendant 8 ans pour rembourser les pertes subies par les spéculateurs escroqués par les banques.

Devant la pression de la rue, démontrant que les peuples en mouvement peuvent se faire entendre, le président refuse de signer, appelant, dans le cadre de l’article 26 de la Constitution islandaise, à un référendum contraignant pour le gouvernement. Et les résultats du référendum, en mars 2010, sont sans appel : NON à plus de 93 % !

Les pressions pour contraindre le gouvernement islandais à accepter les conditions de reddition financière se font sentir sur le plan de l'acceptation dans l'UE. Finalement, le versement du prêt FMI sera débloqué le 9 avril 2010. Après le FMI, la Suède, la Norvège, la Finlande et le Danemark annoncent le déblocage de la seconde tranche de leur prêt bilatéral. Le 17 juin 2010, jour anniversaire de ses 66 ans d’indépendance, l’Islande obtient le statut de candidat officiel à l’Union européenne.

Le taux d’intérêt est ramené à 3,3% pour la part britannique et 3% pour la part hollandaise, au lieu de 5,5%, et la durée de remboursement allongée de huit à trente ans (entre 2016 à 2046, au lieu de 2024). La liquidation des actifs de Landsbanki est mieux prise en compte. Le 10 janvier 2011, le FMI annonce avoir débloqué la cinquième tranche de son prêt à l’Islande, pour un montant de 160 millions de dollars. Les termes de ce nouvel accord sont débattus devant l’Althingi le 16 février 2011 et votés à 44 voix pour, 13 contre et 3 abstentions. Une taxe à payer pour faire la paix avec la « communauté internationale », avoir à nouveau accès aux marchés financiers mondiaux et faciliter les négociations d’adhésion à l’UE.

Ce 20 février, le président de la République décide l’organisation d’un nouveau référendum populaire, faisant suite à une nouvelle pétition de plus de 40 000 signatures.

La Première ministre islandaise, Johanna Sigurdardottir, se permet alors de déclarer : « C’est décevant. Nous avions anticipé que le président allait signer l’accord sur Icesave […] L’accord a été approuvé à la majorité au Parlement et ce n’est pas commun qu’un président s’oppose à un accord adopté à une telle majorité », ajoutant que, selon elle, il y a « peu de chance que la Grande-Bretagne et les Pays-Bas soient prêts à renégocier cet accord ».

Pourtant, et heureusement, le peuple se prononce donc une deuxième fois pour le non.

La question de réécrire la Constitution, encore largement basée actuellement sur celle du Danemark, a été plusieurs fois soulevée. La crise « Icesave » semble avoir précipité ce débat sur la place publique islandaise. Le Parlement décide alors, en accord avec le programme électoral, la création d’une Assemblée constituante en vue de mener ce projet à terme. Le 27 novembre 2010, vingt-cinq membres sont élus par vote populaire parmi plus de cinq cents candidats. Fin février 2011, l’Assemblée constituante est transformée en Conseil constitutionnel, composé des mêmes personnes précédemment élues. Elle devrait faire ses propositions d’ici au mois de juin 2011.

L'Islande est blessée socialement et économiquement, les grands chantiers sont suspendu, les foyers sont surendettés, le taux de chômage est élevé. D'après un sondage, un tiers de la population envisagerait de quitter le pays, mais peu en auront les moyens. Les banquiers et les hommes d’affaires islandais, sous investigation criminelle en Islande, sont encore actifs dans le monde bancaire, certains sont même devenus conseillers financiers à Londres, au Luxembourg ou au Canada.

Les Islandais sont convaincus que l’on peut trouver suffisamment d’argent dans les avoirs des banques pour payer les dégâts occasionnés. Ils ne comprennent pas pourquoi les responsables de la crise n’ont pas été mis hors d’état de nuire : la plupart des dirigeants des grandes puissances et des grandes banques ayant mené l’économie dans cette impasse n’ont pas été inquiétés, même s’ils sont parfaitement identifiés. Pour l’instant, les coupables ont réussi à faire payer le prix aux victimes.

Les biens nationaux continuent à être bradés à des sociétés étrangères. L’Islande est le septième producteur mondial et le deuxième producteur européen d’énergie géothermique. En 2010, la chanteuse islandaise Björk, soutenue par la députée européenne Eva Joly, a mené une campagne contre le projet de rachat quasi intégral de la compagnie publique HS Orka, productrice d’énergie géothermique, par la multinationale canadienne Magma Energy Corp. Sans succès. Les groupes extérieurs à l’Espace économique européen (EEE) n’étant pas autorisés en Islande à posséder un producteur d’électricité, Magma a utilisé une filiale en Suède pour cette acquisition. Depuis fin 2010, Magma détient donc 98.53% de HS Orka[2].

Pas de quoi être euphorique. En effet, malgré ces quelques rebondissements, il n’est pas raisonnable, comme certains l’ont fait, de parler d’une révolution en marche. Ce mouvement social n’est pas actuellement de nature à remettre en cause l’adhésion aux principes du libre marché, du néolibéralisme et de l’orthodoxie économique. Les élections n’ont pas vraiment changé la donne : le capitalisme est toujours aussi structurellement dominant qu’il l’était avant la crise. L’élite restreinte de l’île est toujours bien en place.

L’élection de l’Assemblée constituante n’a pas réellement suscité des passions : seulement 36% des inscrits se sont déplacés aux urnes pour sélectionner ses membres. Et, malgré une forte participation aux pétitions et aux manifestations, la crise « Icesave » n’a pas stimulé un intérêt démesuré pour la politique de la part des Islandais, ni un désir particulier de faire tomber le système qui les a ruinés. Mais si une nouvelle Constitution réellement progressiste peut sortir de ce processus, malgré la lassitude constatée parmi les citoyens islandais, cela peut être un vrai pas dans la bonne direction.

Mais second référendum ce samedi 9 avril, les Islandais ont dit "Nei" une deuxième fois à la finance internationale, à plus de 60 %. Pas question d'éponger les pertes d'une banque privée avec des fonds publics. Après cette nouvelle dérouillée, plaintes vénéneuses et menaces à peine voilées des perdants :
  • « La pire option a été choisie. Le vote a coupé le pays en deux. Nous devons tout faire pour éviter un chaos politique et économique après ce résultat. » (Johanna Sigurdardóttir, premier ministre islandais).
  • « Le temps des négociations est passé. C'est désormais une affaire pour les tribunaux. » (Jan Knees de Jager, ministre néerlandais des Finances).
  • « Nous avons l'obligation de récupérer cet argent, et nous poursuivrons nos efforts jusqu'à ce que nous y parvenions. » (Danny Alexander, ministre britannique du Trésor).


Repaf ! Le syndrome du référendum sur la constitution européenne ressurgit ! Avec juste un peu plus de constance que celle manifestée par les cousins irlandais.

Est-ce à cause de ceux-là, mais aussi des Grecs et des Portugais, avant les Espagnols et les Italiens, que l'annonce des résultats de ce second référendum est passée assez inaperçue dans nos unes médiatiques ? Le symptôme d'une maladie tenace avec fort risque de propagation virale est flagrant. Imaginez que les premières victimes expiatoires de la grande débandade européenne se sentent gagnées par la révolte islandaise et entonnent avec la vigueur tempétueuse d'une Björk survoltée cet infernal couplet :
« On s'en fout de votre aide ! On n'en veut pas et on n'en peut plus ! Vos créances pourries, vous vous les gardez ! On reprend nos billes et on se débrouille tout seuls ! »

Les Portugais, Irlandais, Grecs devraient s'inspirer des Islandais. De fait, il y a fort à parier qu'ils y seront tôt ou tard contraints. Car il est de plus en plus évident que le monde court tout droit à UN INEVITABLE BLOCAGE SYSTEMIQUE !

Sources :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article116019
http://www.jesuispauvre.com/2009/10/08/icesave-quand-la-faillite-dune-banque-cause-un-incident-diplomatique/
http://www.rue89.com/yeti-voyageur/2011/04/11/referendum-en-islande-seconde-torgnole-a-la-finance-mondiale-199458
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/20100307trib000484757/referendum-islandais-sur-la-banque-icesave-non-a-plus-de-93.html
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Message  Loatse Mar 12 Avr - 7:13

Si je comprend bien, cette banque privée islandaise a elle aussi acheté des "actifs toxiques".. acculée à la faillite, l'état islandais accepte donc de couvrir les pertes occasionnées par celle-ci sur son territoire.. mais pas en angleterre ni ailleurs...

Effectivement, en quoi un état est il juridiquement responsable de la mauvaise gestion d'une banque privée ???

Que les plaignants se tournent vers les vrais responsables... !

Là c'est le portugal qui a accepté l'aide du FMI, après sans doute ce sera l'espagne.. puis l'effet domino continuera son oeuvre.. pour le plus grand bénéfice des financiers qui eux, retombent toujours sur leurs pattes...
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Message  Non2 Mar 12 Avr - 10:05

Loatse a écrit:Si je comprend bien, cette banque privée islandaise a elle aussi acheté des "actifs toxiques".. acculée à la faillite, l'état islandais accepte donc de couvrir les pertes occasionnées par celle-ci sur son territoire.. mais pas en angleterre ni ailleurs...
Pas exactement. Là où une grosse partie de l'état était d'accord pour faire raquer la population, la population a dit non, et selon la constitution, l'état est obligé de suivre son avis. Mais les financiers et l'état manœuvrent (changer la constitution, intégration à l'UE) pour qu'ils casquent quand même.
Loatse a écrit:Effectivement, en quoi un état est il juridiquement responsable de la mauvaise gestion d'une banque privée ???

Que les plaignants se tournent vers les vrais responsables... !
Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne dans nos "démocraties".
Loatse a écrit:Là c'est le portugal qui a accepté l'aide du FMI, après sans doute ce sera l'espagne.. puis l'effet domino continuera son oeuvre.. pour le plus grand bénéfice des financiers qui eux, retombent toujours sur leurs pattes...
C'est le même genre de scénario. Et il y a fort à parier que ça va s'étendre à toutes les "démocraties" libérales. Sad
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