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La Libye, un nouvel Irak ?

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Message  Loatse Mer 16 Mar - 12:49

A l'heure ou prend fin l'ultimatum de fuir la ville lancé par kadhafi aux insurgés de Benghazi et l'appel à la population de se tenir éloigné des dépots de munitions ; Les états européens envisagent de se réunir.... d'ici lundi ou jeudi afin de, peut-être, éventuellement intervenir en protégeant l'espace aérien lybien... Shocked

Décidément ! Obtiendrons-nous un jour un "oui" ou un "non" franc et massif, une fin de non recevoir de la part de nos politiques, histoire de ne plus avoir à subir des foutages de gueule qu'aucune tergirversation pseudo diplomatique ne peut dissimuler plus d'une demi seconde... J'ai de gros doutes, là...

(Che crois que si za gontinue, che fé demander la nazionalité allemande... Rolling Eyes)

Ceci (la chute imminente de benghazi et de l'espoir d'une partie du peuple lybien) risque de briser net l'effet domino des révolutions dans le monde arabe... sans compter la précipitation du roi abdallah à envoyer ses troupes mater la révolte à Bahreim...

Saif al Islam Kadhafi, fils du dirigeant lybien nous révèle que "mon ami sarkozy" (dixit kadhafi père) a bénéficié du financement de sa campagne électorale par "l'homme à abattre".. Le même avec qui nous avons passé pour 14 milliards de contrats (moins toutefois que l'Italie), le même qui a aidé les dirigeants africains sur sa cassette personnelle, le même qui n'a jamais manqué de financer des oeuvres caricatives...

Ah, petit détail : les usa s'en lavent les mains.. trop enlisés occupés en afghanistan et en iraq, ceux ci sans façon nous refile le "bébé"...

Dans ce climat qu'on ne peut qualifier qu'embrouillé et instable, j'ai failli oublié l'iran..
Qui commence à tiquer en voyant la façon dont l'arabie saoudite traite les majorités chiites.. que ce soit à barheim ou dans son royaume...

Quand on sait que l'arabie saoudite et les usa sont très liés, on peut se poser des questions quand à l'avenir de ces régions plutôt explosives...

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Message  Loatse Jeu 17 Mar - 12:39

L'onu a donné ce soir son feu vert pour une intervention armée en Lybie...

NATIONS UNIES (Reuters) - Par dix voix pour et cinq abstentions, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est prononcé mercredi pour l'instauration d'une zone d'exclusion dans le ciel libyen.
Le Conseil a également autorisé "toutes les mesures nécessaires" - ce qui veut dire en langage diplomatique des actions militaires - pour assurer la protection des populations civiles face à l'armée de Mouammar Kadhafi.

Le texte était coparrainé par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Liban.

Parmi les cinq pays qui se sont abstenus - il n'y a pas eu de vote négatif - figurent deux pays détenteurs du droit de véto - la Russie et la Chine - ainsi que l'Allemagne.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a annoncé jeudi une offensive "dès ce soir" contre Benghazi, fief des insurgés dans l'est du pays. "La décision a été prise. Préparez-vous, nous arrivons dès ce soir", a-t-il dit dans un discours adressé aux habitants de Benghazi...

Etonnant tout de même pour "un fou sanguinaire" de prévenir de son arrivée... permettant ainsi aux insurgés de fuir...

Une explosion aurait été entendue à Benghazi dans la soirée mais aucun avion n'a été signalé...



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Message  Loatse Ven 18 Mar - 2:32

Pendant que Kadhafi tempête après la france, les insurgés de Benghazi attendent les secours...

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Bengha10

Des mauvaises langues (emission C dans l'air) affirment que bien que nous ayons livrés des rafales à Kadhafi, celui-ci n'a pas de pilotes réellement formés pour piloter ceux qui sont entretenus... (une toute petite partie, le reste étant là pour la frime)..

Ce qui expliquerait pourquoi les deux pilotes lybiens se sont ejectés.. peur d'exploser avec l'avion ?


La Lybie annonce un cessez le feu immédiat...

La Libye annonce qu'elle met fin à toutes les opérations militaires en application de la résolution votée par le Conseil de sécurité de l'ONU dans la nuit, indique le ministre des Affaires étrangères libyen Moussa Koussa.

Humpf ??? Suspect

Après ce cessez-le-feu immédiat, annoncé par la Lybie toute attaque aérienne contre ce pays sera vue comme une agression pure et simple. Serions-nous pieds et poings liés par cette annonce ?

(l'est rusé le kadhafi)

Le monde entier observe la situation.



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Message  Loatse Sam 19 Mar - 1:25

Les jeux sont faits pour Kadhafi. Marge de manoeuvre : aucune...

Clinton demande à Kadhafi d'abandonner le pouvoir, Obama se déclare prêt à intervenir

Si on laissait faire Kadhafi, «il commettrait encore des atrocités contre son propre peuple», «toute la région pourrait être déstabilisée», a expliqué Barack Obama dans une déclaration solennelle à la Maison Blanche vendredi, pour justifier son ralliement à une solution militaire.

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Message  Loatse Sam 19 Mar - 9:40

Ce samedi 19 mars, plus de 110 missiles Tomahawk ont d'ores et déjà été tirés contre une vingtaine d'objectifs libyens par des sous-marins et navires américains et britanniques, selon le Pentagone.
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Message  minette Sam 19 Mar - 21:47

tout cela n'amène rien de bon. Hélas !
Car c'est un véritable bain de sang pour la populations libyenne.

Je te mets un lien que j'ai trouvé, assez cynique !

http://www.leplacide.com/dossier.php?dossier=4
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Message  Loatse Dim 20 Mar - 5:18

Voui, minette, j'ai l'impression que nos politiques sont complètement déconnectés de la réalité..ou du moins que peu leur chaud d'évaluer la situation en profondeur en tenant compte des risques d'une ingérence en lybie... donc nous voilà en guerre contre un pays qui ne nous a rien fait... Sad

Je te conseille la lecture de cet article très bien documenté, très passionnant sur l'histoire de la lybie, le conflit actuel et ses possibles conséquences et qui confirme mes soupçons...

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article115132

Quand aux déclarations bushiennes de Nessie, je m'abstiendrai de commentaires là.. je sens que je deviendrai vite grossière.. Rolling Eyes


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Message  Non2 Jeu 24 Mar - 12:22

Selon Franco Bechis, un journaliste de la droite libérale italienne, Sarkosy préparait le renversement de Kadhfi depuis novembre 2010. Il aurait cherché à créer un corps expéditionnaire franco-britannique avant que le projet ne soit pris en main par les États-Unis. Nouri Mesmari (ancien chef du protocole libyen), Abdallah Gehani (colonel de l'aéronautique libyenne) et quelques autres sont les pions de l'élysée dans l'affaire. Sous couvert d'une négotiation de contrat entre la France et la Libye, un groupe d'hommes d'affaires (ministère de l'agriculture, dirigeants de France Export Céréales et de France Agrimer, managers de Soufflet, de Louis Dreyfus, de Glencore, de Cani Céréales, Cargill et Conagra) introduisent des militaires français à Benghazi.

Première étape du voyage, 20 octobre 2010, Tunis. C’est là qu’est descendu avec toute sa famille d’un avion de Libyan Airlines, Nouri Mesmari, chef du protocole de la cour du colonel Muhamar Kadhafi. C’est un des grands perroquets du régime libyen, depuis toujours aux côtés du colonel.

Le seul -comprenons-nous- qui avec le minsitre des Affaires étrangères Moussa Koussa avait un accès direct à la résidence du raïs sans avoir à frapper (avant d’entrer, NdT).

Le seul à pouvoir franchir le seuil de la suite 204 du vieux cercle officiel de Benghazi où le colonel libyen a accueilli avec tous les honneurs le Premier ministre italien Silvio Berlusconi pendant la visite officielle en Libye. Cette visite de Mesmari à Tunis ne dure que quelques heures. On ne sait pas qui il rencontre dans la capitale où la révolte contre Ben Ali couve sous la cendre. Mais il est désormais certain que dans ces heures-là et dans celles qui ont immédiatement suivi, Mesmari jette les ponts de ce qui, à la mi-février, allait devenir la rébellion de la Cyrénaïque. Et prépare l’estocade contre Kadhafi en cherchant et obtenant l’alliance sur deux fronts : le premier est celui de la dissidence tunisienne. Le second est celui de la France de Nicolas Sarkozy. Et les deux alliances lui réussissent.

C’est ce dont témoignent des documents de la DGSE, le service secret français, et une série de nouvelles fracassantes qui ont circulé dans les milieux diplomatiques français à partir de la lettre confidentielle, Maghreb Confidential (dont il existe une version synthétique et accessible payante).

Mesmari arrive à Paris le lendemain, 21 octobre. Et il n’en bougera plus. En Libye il n’a pas caché son voyage en France, puisqu’il a emmené avec lui toute sa famille. La version est qu’à Paris il doit subir un traitement médical et probablement une opération. Mais il ne verra pas l’ombre d’un médecin. Ceux qu’il verra seront par contre, tous les jours, des fonctionnaires des services secrets français.

La réunion. On a vu de façon certaine au début du mois de novembre, entrer à l’Hôtel Concorde Lafayette de Paris, où Mesmari réside, d’étroits collaborateurs du président français. Le 16 novembre, une file de voitures bleues est devant l’hôtel. Dense et longue réunion dans la suite de Mesmari. Deux jours plus tard une dense et étrange délégation française part pour Benghazi. Avec des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, des dirigeants de France Export Céréales et de France Agrimer, des managers de Soufflet, de Louis Dreyfus, de Glencore, de Cani Céréales, Cargill et Conagra.

Expédition commerciale, sur le papier, pour essayer d’obtenir à Benghazi justement de riches commandes libyennes. Mais se trouvent aussi dans le groupe des militaires français, déguisés en hommes d’affaire.

À Bengazi ils vont rencontrer un colonel de l’aéronautique libyenne indiqué par Mesmari : Abdallah Gehani. Il est au-dessus de tout soupçon, mais l’ex-chef du protocole de Kadhafi a révélé qu’il était prêt à déserter et qu’il a aussi de bons contacts avec la dissidence tunisienne.

L’opération est menée en grand secret, mais quelque chose filtre jusqu’aux hommes les plus proches de Kadhafi Le colonel se doute de quelque chose. Le 28 novembre il signe un mandat d’arrêt international à l’égard de Mesmari. L’ordre arrive aussi en France à travers les canaux protocolaires. Les Français s’alarment et décident de suivre de façon formelle l’arrêt

Quatre jours plus tard, le 2 décembre, la nouvelle filtre justement depuis Paris. On ne donne pas de nom mais on révèle que la police française a arrêté un des principaux collaborateurs de Kadhafi. La Libye, au premier abord, retrouve son calme. Puis apprend que Mesmari est en réalité aux arrêts domiciliaires dans la suite du Concorde Lafayette. Et le raïs commence à s’agiter.

La colère du raïs. Quand arrive la nouvelle que Mesmari a demandé officiellement l’asile politique à la France, la colère de Kadhafi éclate, il fait retirer son passeport même au ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, accusé de responsabilité dans la défection de Mesmari. Il essaie ensuite d’envoyer ses hommes à Paris avec des messages pour le traître : « Reviens, tu seras pardonné ». Le 16 décembre, c’est Abdallah Mansour, chef de la télévision libyenne, qui essaie. Les Français l’arrêtent à l’entrée de l’hôtel. Le 23 décembre d’autres Libyens arrivent à Paris. Ce sont Farj Charrant, Fathi Boukhris et All Ounes Mansouri.

Nous les connaîtrons d’avantage après le 17 février : parce que ce sont justement eux, avec Al Hadji, qui vont mener la révolte de Benghazi contre les miliciens du colonel.

Les trois sont autorisés par les Français à sortir dîner avec Mesmari dans un élégant restaurant des Champs-Élysée. Il y a aussi là des fonctionnaires de l’Élysée et quelques dirigeants des services secrets français. Entre Noël et le Jour de l’an sort dans Maghreb Confidential la nouvelle que Benghazi est en ébullition (à ce moment-là personne ne le sait encore), et aussi quelques indiscrétions sur certaines aides logistiques et militaires qui seraient arrivées dans la seconde ville libyenne, en provenance justement de la France. Il est désormais clair que Mesmari est devenu un levier aux mains de Sarkozy pour faire sauter Kadhafi en Libye. La lettre confidentielle sur le Maghreb commence à faire filtrer les contenus de cette collaboration.

Mesmari est nommé « Libyan Wikileak », parce qu’il révèle un après l’autre les secrets de la défense militaire du colonel et raconte tous les détails des alliances diplomatiques et financières du régime, en décrivant même la carte du désaccord et les forces qui sont sur le terrain. À la mi-janvier la France a dans les mains toutes les clés pour tenter de renverser le colonel. Mais il y a une fuite. Le 22 janvier le chef des services secrets de Cyrénaïque, un fidèle du colonel, le général Aoudh Saaiti, arrête le colonel d’aviation Gehani, référant secret des Français depuis le 18 novembre.

Le 24 janvier il est transféré dans une prison de Tripoli, avec l’accusation d’avoir créé un réseau social en Cyrénaïque, qui faisait les louanges de la contestation tunisienne contre Ben Ali. Mais c’est trop tard : Gehani a déjà préparé la révolte de Benghazi, avec les Français.
http://www.voltairenet.org/article169058.html

Autres renseignements sur l'agression de la Libye :
Désolé, mais je n'ai ni le temps ni le courage d'en faire un résumé.

règles de la propagande de guerre
http://www.michelcollon.info/Les-regles-de-la-propagande-de.html
http://www.voltairenet.org/article169031.html

Histoire de la Libye
http://www.michelcollon.info/Libye-revolte-populaire-guerre.html

Chavez et Morales, proposition de paix
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article115249
http://www.legrandsoir.info/Les-evenements-en-Libye-vu-depuis-la-fenetre-de-chez-moi-a-Caracas.html

Violation charte onu
http://www.legrandsoir.info/Une-imposture-criminelle.html

front des images
http://www.michelcollon.info/Le-front-des-images-et-les.html

Libye et impérialisme humanitaire
http://www.michelcollon.info/La-Libye-face-a-l-imperialisme.html

Réaction de la Bulgarie
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article115261

Libye et impérialisme humanitaire
http://www.michelcollon.info/La-Libye-face-a-l-imperialisme.html

Brouillage chaines arabes
http://www.voltairenet.org/article168908.html

Odyssée africaine US
http://www.voltairenet.org/article168973.html
http://www.voltairenet.org/article168903.html

Forces en présence et enjeux
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23631
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23869
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23883

Uranium apauvri
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23885

Des soldats us tirent sur des villageois
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article115293
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Message  Non2 Ven 25 Mar - 1:39

Le premier ministre russe Vladimir poutine prend acte de plusieurs choses :

  • Le régime libyen n'est pas démocratique, et la situation est compliquée par les relations tribales.
  • La résolution du conseil de sécurité de l'ONU est une sorte d'appel médiéval à la croisade pour justifier une agression extérieure sous prétexte de protéger les civils.
  • Après les attaques aériennes contre Belgrade, puis contre l'Afghanistan et l'Irak, et maintenant la Libye, cette méthode est en train de devenir une tendance stable de la politique étasunienne.
  • Les USA utilisent des armements stratégiques lors de ses agressions sur d'autres états (« bombardiers stealth (furtifs... NdT) B-2 Spirit d’attaque nucléaire qui, partant des Etats-Unis, vont frapper les objectifs en Libye avec des armes non-nucléaires, en s’entraînant ainsi, dans une action guerrière réelle, à un éventuel emploi dans une guerre nucléaire »).

En conséquence, et en tenant compte que le soit-disant bouclier de l'OTAN est déjà une menace sur la Russie, le ministre russe de la défense Anatoli Serdioukov « a annoncé que cette année il dotera les forces stratégiques d’autres missiles intercontinentaux, 36 balistiques et 20 de croisière, et de deux autres sous-marins nucléaires. Avec une allocation d’un montant de 665 milliards de dollars pour 2011-2020 seront achetés : 5 véhicules spatiaux, 21 systèmes de défense missilistiques, 35 bombardiers, 109 hélicoptères de combat, 3 sous-marins nucléaires et une unité de surface. En 2013 les scientifiques russes développeront un nouveau missile balistique intercontinental avec base à terre et la production de missiles sera redoublée avec un investissement équivalent à 2,6 milliards de dollars. »
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23925

On a réussi à éviter une guerre nucléaire pendant plus de 60 ans, c'est grâce au prix nobel de la pax americana qu'on va l'avoir !
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Message  Loatse Ven 25 Mar - 2:31

Humpf, Medvedev n'était pas du tout d'accord avec l'intervention de poutine...

(je n'ai plus les propos sous la main, ferai une recherche en rentrant)

Obama n'était vraiment pas chaud pour intervenir (le peuple américain n'accepterait pas une troisième guerre après l'irak et l'afghanistan) D'ailleurs il a refilé la patate chaude aux frenchies et à cameron..

Après on se demande pouquoi les lybiens s'enfuient.. entre l'armée de kadhafi et les tomahaks des américains y'a pas photo...

je me demande comment ils font tout de même pour reconnaitre les chars des pro kadhafi de ceux des insurgés... Suspect
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Message  Non2 Ven 25 Mar - 12:19

Loatse a écrit:... je me demande comment ils font tout de même pour reconnaitre les chars des pro kadhafi de ceux des insurgés... Suspect
Je suppose qu'il y a ceux qui sentent le thé à la menthe et ceux qui sentent le macdo ... scratch
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Message  Non2 Lun 28 Mar - 3:42

Article de "Le petit Blanquiste" :

26/03/2011
Où sont les 6.000 victimes de Kadhafi ?

La justification de l’intervention militaire occidentale en Libye a reposé sur un seul argument : protéger les populations civiles de la répression des forces du colonel Kadhafi.

Et il faut bien avouer que - même chez ceux qui sont plutôt hostiles aux croisades coutumières des Etats-Unis et de leurs alliés - l’argument a porté.

Mais de quels éléments disposons-nous vraiment pour juger de la réalité de cette répression ? Qui, en France, sait exactement ce qui se passe en Libye ?

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 40050710 M. Hardeep Singh Puri, représentant permanent de l’Inde au Conseil de sécurité de l’ONU a, pour sa part, affirmé qu’il « n’existait pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place » qui puisse justifier la décision d’établir une zone d’exclusion aérienne. En fonction de quoi, il n’a pas approuvé le projet de résolution. Serait-il un inconditionnel de Kadhafi ?

Les Français qui pensent que Kadhafi est l’auteur de crimes contre son peuple doivent admettre qu’ils se sont forgés leur opinion d’après ce qu’en ont dit les médias et le gouvernement. Si ce n’est pas le cas qu’ils fournissent des sources alternatives et crédibles. [1]

D’où vient ce nombre de 6.000 morts ? D’un porte-parole de la « Ligue libyenne des droits de l'Homme » - Ali Zeidan vivant en exil aux Etats-Unis [2] ; lequel, le 1er mars à Paris, a déclaré que les violences liées à la répression de l'insurrection en Libye avaient fait 6.000 morts, dont 3.000 dans la seule ville de Tripoli, 2.000 à Benghazi, et 1.000 dans d'autres villes.

De quels moyens disposait-il sur place pour établir ce sinistre décompte ? On ne le saura jamais.

Mais, dès le lendemain, la machine était lancée. Tous les quotidiens français, sans exception, ont fait leur titre sur cette « information », sans se poser de questions. Les plus honnêtes d’entre eux ont mis des guillemets ou utilisé le conditionnel. Mais pour la plupart cette préoccupation élémentaire a été négligée.

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 6000_m10

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 6000_m11

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 6000_m12
Titres de Sud-Ouest, de Libération et de La Charente Libre

Aussitôt, la Cour pénale internationale, qui ne s’est jamais inquiétée des crimes avérés des américains en Irak et en Afghanistan ou de ceux des Israéliens en Palestine, s’est saisie du problème : « Kadhafi est un criminel », il doit « être jugé », a déclaré un conseiller auprès de la CPI qui semble ignorer la présomption d’innocence.

La photographie ci-dessous, publiée par L'Humanité (hélas !), donne le ton.
La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Humani10

De son côté, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a immédiatement cautionné le nombre de 6.000 victimes alors qu'une semaine auparavant elle en annonçait dix fois moins, 640 exactement.

Elle a également demandé une interdiction de survol du territoire libyen, « pour éviter que des civils soient massacrés par l’aviation libyenne et pour empêcher de faire venir des mercenaires supplémentaires chargés d’accomplir les basses besognes du colonel Kadhafi ».

Notons que la FIDH n’avait pas cru utile de demander la même interdiction à l'encontre de l’aviation israélienne lorsque celle-ci pilonnait les Palestiniens de la bande de Gaza.

Désormais tout était en place pour l’intervention « Aube de l’Odyssée » : Obama, prix Nobel de la Paix, pouvait menacer Kadhafi de ses foudres, tandis que Sarkozy, dans un numéro de « chef de guerre », entraînait la France et son armée dans un combat plus que douteux.

Aujourd'hui, l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne [no-fly zone] sur la Libye est chose faite. Mais les bombardements continuent quand même, ajoutant leurs lots de victimes militaires et civiles. Pourquoi ? Jusqu'à quand ? Jusqu'où ? A quel prix humain ?

JPD

[1] Lundi dernier, sur le plateau de « Ce soir ou jamais » de France 3, le journaliste belge Michel Collon, évoquant la répression en Libye, déclarait : « Ceux qui disent qu’ils ont un chiffre précis sont pour moi des charlatans ». Il ajoutait : « Avec Google, je peux savoir qu'elle est la couleur de vos chaussures quand vous êtes dans votre jardin, et les Etats-Unis [avec leurs réseaux de satellites] ne seraient pas capables de nous montrer le massacre de 6.000 personnes ? ».
[2] La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 28954610 Ali Zeidan est aussi le porte-parole en Europe du « Conseil national de transition » et certainement appelé à faire partie du futur gouvernement si la rebellion triomphait. On comprend mieux qu'il n'hésite pas à citer des chiffres qui accablent Kadhafi.
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Message  Non2 Lun 28 Mar - 8:07

Avec le Sirocco, l’uranium appauvri protège-t-il les civils Libyens et Européens ?

Les Romains ont donné des noms aux vents de la Méditerranée. Le Sirocco [1] est celui du SE qui vient de la Libye. Quand en Europe on découvre sa voiture, sa terrasse ou des vêtements couverts d’une poussière rouge/ocre, le coupable est le Sirocco et il sera aussi responsable de déposer en Europe les particules d’uranium appauvri avec lequel la Libye est bombardée aujourd’hui. Pour protéger les civils et sauver des vies humaines en Libye, dit-on. Et d’oublier les dommages collatéraux en Europe, dommage !

« Les missiles qui portent des pointes dotées d’uranium appauvri correspondent à la perfection à la description d’une bombe sale … Je dirai que c’est l’arme parfaite pour assassiner un paquet de gens. » Marion Falk, experte en physique-chimique à la retraite, du Laboratoire Lawrence Livermore, Californie, Etats-Unis.

Les premières vingt-quatre heures de l’attaque contre la Libye, les B-2 des Etats-Unis ont jeté 45 bombes de 2.000 livres chacune [un peu moins de 1.000 kilos]. Ces énormes bombes avec les missiles Cruise lancés depuis des avions et des bateaux britanniques et français, contenaient des ogives d’uranium appauvri.

L’uranium appauvri est le produit de déchet du processus d’enrichissement de l’uranium. Il est utilisé dans les armes et les réacteurs nucléaires. Parce que c’est une substance très lourde, 1,7 fois plus dense que le plomb, elle est très appréciée par l’armée pour sa capacité à transpercer des véhicules blindés et des édifices. Quand une arme qui porte une pointe d’uranium appauvri frappe un objet solide, comme la paroi d’un char, elle pénètre à travers lui et après explose en formant un nuage incandescent de vapeur. La vapeur se dépose comme poussière, une poussière qui est pas seulement vénéneuse, aussi radioactive.

Un missile avec de l’uranium appauvri au moment de l’impact brûle à 10.000ºC. Quand il atteint un objectif, 30 % sont fragmentés en mitraille. Les 70 % restant s’évaporent en trois oxydes hautement toxiques, dont l’oxyde d’uranium. Cette poussière noire reste suspendue dans l’air, et selon le vent et la climatologie, peut voyager sur de grandes distances. Si vous pensez que l’Irak et la Libye sont très loin, rappelez-vous que la radiation de Tchernobyl est arrivée jusqu’au pays de Galles.

C’est très facile d’inhaler des particules de moins de 5 microns de diamètre qui peuvent rester dans les poumons ou dans d’autres organes pendant des années. Cet uranium appauvri inhalé peut causer des dommages rénaux, des cancers du poumon et des os, des problèmes de peau, des troubles neurocognitifs, des anomalies chromosomiques, des syndromes d’immunodéficience et d’étranges maladies rénales et intestinales. Les femmes enceintes qui se trouvent exposées à l’uranium appauvri peuvent mettre au monde des bébés ayant des malformations. Dès que la poussière se vaporise, on ne peut pas espérer que le problème puisse disparaître de si tôt. Comme émetteur de particules alpha, l’Uranium Appauvri a une vie moyenne de 4,5 milliards d’années.

Sous la doctrine militaire US « Shock and awe » (« Choc et effroi ») appliquée dans l’attaque contre l’Irak, seulement 1.500 bombes et missiles ont jetés sur Bagdad. Seymour Hersh a affirmé que la seule la « US Third Marine Aircraft Wing » (Troisième division aéroportée de la Marine des Etats-Unis) a jeté plus de « cinq cent mille tonnes de munition ». Et tout cela portait des pointes d’uranium appauvri.

Al Jazeera a informé que les forces d’invasion étasuniennes ont lancé 200 tonnes de matériel radioactif contre des édifices, des maisons, des rues et des jardins de Bagdad. Un journaliste du Christian Science Monitor a emmené avec lui un compteur Geiger jusqu’aux zones de la ville qui avaient subi une sérieuse pluie d’artillerie des troupes étasuniennes. Et il a trouvé des niveaux de radiation de 1.000 à 1.900 fois supérieur à la normale dans ces zones résidentielles. Avec une population de 26 millions d’habitants, cela signifie que les Etats-Unis ont jeté une bombe d’une tonne pour 52 citoyens irakiens, c’est-à-dire environ 20 kilos d’explosif par personne.

William Hague [ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni] a dit que nous allions en Libye « pour protéger des civils et des zones habitées par des civils ». Vous n’avez pas à regarder très loin pour voir qui et quoi se « protège ».

Dans les premières 24 heures, « les Forces Alliées ont dépensé » 100 millions de livres sterling en munitions dotées de pointe à uranium appauvri. Un rapport sur le contrôle de l’armement réalisé par l’Union Européenne affirmait que ses états membres ont signé un accord en 2009 pour l’autorisation de la vente d’armes et de systèmes d’armement à la Libye pour une valeur de 333.657 millions d’euros. La Grande-Bretagne a accordé des autorisations aux entreprises d’armement pour la vente d’armes à la Libye pour montant de 24.700 millions d’euros et le Colonel Kadhafi a aussi payé pour qu’on envoie les SAS [Service Spécial Aérien] pour entraîner en anglais sa 32e Brigade.

Je parie que dans les prochaines 4,5 milliards d’années, William Hague ne va pas partir en vacances en Afrique du Nord.

David Wilson Stop the War Coalition, 24 mars 2011.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

Source : El Correo Paris, le 27 mars 2011

Notes

[1] Le sirocco ou jaloque est un vent du sud-est de la méditerranéen. Il vient du Sahara et arrive à des vitesses d’ouragan au nord de l’Afrique et au sud de l’Europe. Au nord de l’Afrique est connu sous son mot arabe Qibli (قبلی). En italien on le nomme Scirocco et Sirocco. En grec, ιρόκος (sirókos), tandis qu’en Croatie, au Monténégro et en Slovénie s’appelle Jus, et Ghibli en Libye. Le sirocco quand il arrive au sud de la France, contient plus d’humidité et il est connu sous le nom du « Marin ». Aux îles Canaries il est oppressant, chaud et poussiéreux avec le vent s’appelle Buée. Le nom du sirocco dans le sud-ouest de l’Espagne est lebeche, xaloc en catalan. A Malte, il est connu comme xlokk. Il porte normalement une poussière rouge du Sahara et est associé aux orages et à de fortes pluies, le vent est très fort, pendant près de 4 jours. Le sirocco cause des conditions sèches le long de la côte d’Afrique du Nord, des orages en mer Méditerranée et un temps humide et froid en Europe. Parfois il arrive jusqu’à Paris. La durée du sirocco peut être aussi brève que seulement une demie journée, mais il peut aussi durer quelques jours. Ce vent, souffle toute l’année, mais des vitesses de presque 100 kms par heure se produisent seulement en général pendant l’automne et le printemps. Il atteint son maximum en mars et novembre quand il est très chaud, avec une vitesse maximale d’autour de 100 km/h (55 noeuds). Beaucoup de gens attribuent des problèmes de santé au sirocco aussi bien dû à la chaleur et qu’à la poussière le long des régions côtières de l’Afrique. La poussière dans les vents du sirocco peut causer l’abrasion des instruments mécaniques et pénétrer dans les édifices.
J'ai personnellement souvenir du sirocco en Belgique en 1976 ... à espérer que ça ne se reproduise plus dans les 4,5 prochains milliards d'années (l'âge de la terre) ! Suspect
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Message  Non2 Jeu 31 Mar - 4:20

On commence à comprendre pourquoi Sarkosy en voulait tant à Kadhafi !

Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque Centrale Libyenne et étaient prévus pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phares : la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye, la création dès ce 2011 du Fond Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège, la Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris a la main mise sur certains pays africains depuis 50 ans. On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fond Monétaire Africain doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol africain du Fond Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un monopole publique vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappés à la porte pour être eux aussi membres du Fond Monétaire Africain et c’est à l’unanimité que le 16-17 décembre 2010 à Yaoundé, les Africains ont repoussé cette convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce FMA.

Il est donc évident qu’après la Libye la coalition occidentale déclarera sa prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses ressources énergétiques énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d’Euros. Ce qui devient la convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les USA à eux seuls ont 14.000 Milliards de dollars de dettes, La France, la Grande Bretagne et l’Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors que les 46 pays d’Afrique Noire ont au total moins de 400 milliards de dollars de dettes publiques. Créer des fausses guerres en Afrique dans l’espoir de trouver de l’oxygène pour continuer leur apnée économique qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les Occidentaux dans leur déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste Américain Adams Smith en 1865, dans son soutient à Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage, «l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres nations vont se réveiller.»
http://saoti.over-blog.com/

Triste perspective ... pale
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Message  Non2 Ven 1 Avr - 9:41

Le journaliste Michel Collon explique son point de vue au micro de Radio Expres FM, une émission de radio tunisienne, à propos de la Tunisie, de la Libye et de la guerre "humanitaire". Le hasard de la programmation a fait que son interview est passée après celle de BHL


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Message  Non2 Dim 3 Avr - 10:40

Le président B. Obama a fait un discours pour expliquer aux citoyens étasuniens les raisons de l'agression de la Libye et de l'évolution de la situation. La vidéo du discours et la traduction en français se trouvent ici :
http://www.voltairenet.org/article169241.html

Un extrait significatif :
Barack Obama a écrit:Nous allons protéger les quelque 33 milliards de dollars d’avoirs gelés du régime Kadhafi afin qu’ils servent à reconstruire la Libye. Après tout, cet argent n’appartient ni à Kadhafi ni à nous, mais au peuple libyen. Et nous nous assurerons qu’ils en profiteront.
Il aurait pu dire plus franchement "nous autoriserons les Libyens à utiliser leur argent pour réparer les destructions que nous leur avons infligées". Quelle bonté, ce mec !



Le partage de la Libye a commencé à Londres :
La Conférence de Londres sur la Libye (29 mars 2011) a réuni exclusivement les États qui soutiennent la résolution 1973, plus l’Allemagne. La Russie et la Chine n’ont pas été invités. L’Union africaine a refusé d’y participer et la Ligue arabe s’est faite représenter à bas niveau pour marquer son mécontentement. Le Saint-Siège a été admis comme observateur bien que le pape Benoît XVI ait appelé l’OTAN tout autant que le colonel Kadhafi à la cessation des hostilités.

Les États participants ont décidé de donner au Conseil national libyen de transition (CNLT) un accès à certains des avoirs gelés de la Libye et de l’autoriser à vendre le pétrole libyen. En outre, ils ont évoqué, sans prendre de décision, la possibilité d’armer le CNLT.

Ces dispositions contreviennent à la résolution 1973 et l’on imagine les réactions internationales si certains Etats —le Venezuela ou l’Iran par exemple— se permettaient de débloquer des fonds gelés et de les donner aux insurgés nassériens ou khomeinistes, ou pis, s’ils leur achetaient du pétrole libyen. Et inutile d’envisager une violation de l’embargo onusien sur les armes au profit des « mauvais » insurgés.

L’autorisation de vente du pétrole montre, s’il en était besoin, que le partage des ressources du pays a commencé. Grâce au soutien militaire de l’OTAN, le CNLT a pris le contrôle de vastes zones d’exploitation pétrolière et des deux principales raffineries. Il a été autorisé à exporter 40 000 barils par jours, ce qui au tarif actuel représente 1,4 milliards de dollars par mois.

À la suite de deux réunions en marge de la conférence entre la secrétaire d’État Hillary Clinton et l’émissaire du CNLT Mahmoud Djibril, les Etats-Unis ont mis à l’étude le déblocage de 3,3 milliards de dollars appartenant à l’État libyen qui seraient détournés au profit des « bons » insurgés.

Le Qatar a été chargé de gérer le pétrole libyen. La Turquie a été chargée de gérer l’aéroport de Benghazi pour faciliter le « transit humanitaire ».
http://www.voltairenet.org/article169189.html



Intervention d’Hillary Clinton à la conférence de Londres sur la Libye

Vidéo de son intervention et traduction en français à cette adresse :
http://www.voltairenet.org/article169183.html

S'avancerait-on vers un scénario à l'irakienne, avec des frappes suivies d'un blocus pour réduire le pays à néant, puis d'une nouvelle intervention militaire ?



Le Pentagone déploie un appui aérien rapproché pour des troupes au sol
L’état-major états-unien a décidé de déployer des avions AC-130 et A-10 en Libye.

Le Lockheed AC-130 est est un appareil gunship d’attaque au sol et d’appui aérien rapproché pour des troupes au sol. Il est armé de canons de 20, 40 et 105 mm (photo).

Le Fairchild A-10 Thunderbolt II est un appareil d’appui aérien rapproché. Il est équipé d’un canon de 30 mm ayant une cadence de tir de 3 900 coups/minute, et de diverses sortes de roquettes et missiles.

Ces aéronefs devraient permettre d’attaquer l’armée libyenne et de soutenir les insurgés, toutes actions sans lien avec la zone d’exclusion aérienne et la résolution 1973.
http://www.voltairenet.org/article169193.html

Locheed AC-130 :
La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Lockhe10

Fairchild Republic A-10 Thunderbolt II
La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Fairch10
La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 A10_th10



La Turquie dénonce la tournure que la France donne à la guerre en Libye
Ankara multiplie les gestes de mauvaise humeur à propos de l’intervention alliée en Libye, et particulièrement à l’encontre de Paris.

Le gouvernement Erdogan, qui mène campagne pour les élections législatives du 12 juin, ne manque pas une occasion de dénoncer le virage impulsé par la France dans l’application de la résolution 1973. Le ministre de la Défense, Vecdi Gönül, s’est interrogé pour savoir de quel droit la France s’était arrogée la direction politique des opérations militaires. Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoğlu a pris comme un affront de ne pas être invité au sommet de Paris.

Surtout, le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan s’est est pris aux propos du ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant. « Certains, malgré tous nos avertissements, brouillent les esprits au sujet de l’opération en Libye et emploient des expressions très déplacées telle que croisade, ce qui provoque des interrogations », a-t-il déclaré. « Je souhaite qu’ils [les Français] fassent immédiatement leur examen de conscience pour avoir exprimé des notions ahurissantes qui attisent la théorie d’un conflit de civilisations », a t-il poursuivi.

Le gouvernement Erdogan est particulièrement outré de ce que Nicolas Sarkozy ait transformé le mandat onusien de no fly-zone en un no drive-zone ; les chasseurs français ayant bombardé et détruit des blindés libyens et tué leurs équipages alors que ceux-ci ne menaçaient aucun civil, mais se dirigeaient vers la ligne de front pour engager un combat contre des insurgés armés.

Ankara —qui est membre de l’Alliance atlantique— espère que la prise en main officielle des opérations par l’OTAN lui donnera la possibilité de s’opposer à cette dérive.



La Russie multiplie les avertissements à l’OTAN
Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, « Il y a des rapports — et personne ne les dément— que la coalition a bombardé des colonnes des forces de Kadhafi, des rapports sur des actions de support aux insurgés armés ». Ceci est en claire contradiction avec la résolution 1973, a-t-il poursuivi. « Nous considérons que l’intervention de la coalition dans ce qui est essentiellement une guerre civile n’est pas autorisé par la résolution du Conseil de sécurité », a-t-il conclu.

De son côté, Dmitri Rogozine, le délégué permanent russe auprès de l’OTAN, a enjoint l’Alliance à se conformer strictement à la résolution « sans faire preuve de créativité ».

Les diplomates russes ont répété en plusieurs circonstances que les États membres de la coalition agissaient dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité et devraient lui rendre des comptes.
http://www.voltairenet.org/article169195.html



Rien à voir !
Sauf que ... vu l'importance que FB, Twitter et autres réseaux ont eu dans nombre de soulèvements, provoqués extérieurement ou non, on pourrait se poser la question, .... voire y faire sa propre réponse ...

Facebook censure les pages appelant à un soulèvement en Palestine
Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg (photo), a ordonné la suppression de comptes et pages de son réseau social appelant à un soulèvement en Palestine, le 15 mai prochain, anniversaire de la Nakba.

Depuis le 6 mars, plusieurs pages Facebook ont appelé à une troisième intifada. Elles ont réunies jusqu’à un demi-million d’internautes.

La décision de Facebook a été prise à la demande des autorités israéliennes.
http://www.voltairenet.org/article169216.html
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Message  Non2 Dim 3 Avr - 13:31

Je viens de trouver quelque chose que j'ignorais à propos de la Libye. On se souvient que d'après les médias, Kadhafi aurait dit qu'il allait "faire couler un fleuve de sang" et que la "répression sera impitoyable". Ben non seulement ce n'est pas lui qui l'a dit, mais en plus ces propos sont tronqués et sortis de leur contexte ! (pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas ?)

C'est son fils Seïf Al-Islam qui a dit ça, et dans un discours particulier :



...Maintenant nous exigeons comme solution, comme dernière solution, de nous en remettre tous aux armes. Nous allons armer cinq millions de Libyens. La Libye n'est ni la Tunisie ni l'Égypte.
Mes frères, nous sommes des tribus et des clans, nous allons nous en remettre tous aux armes, et les armes maintenant sont à la portée de tous. Au lieu de pleurer 84 morts, nous allons pleurer des centaines de milliers de morts. Il y aura des fleuves de sang dans toutes les villes de Libye. ...
Il proposait donc en fait d'armer 5 millions de personnes ... sur une population de 6,5 millions d'habitants ! Et dans un contexte où il s'agit de permettre au peuple de défendre ses intérêts, pas dans le cadre d'un massacre de population par l'état.

"La première victime d’une guerre, c’est toujours la vérité" (Rudyard Kipling).

Edit :
j'ai la mention "interdite dans votre pays". Pour y avoir accès lorsque c'est le cas, le plus facile est d'aller ici : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24095 et cliquer sur la phrase en bleu (lien) "Il a dit auparavant" qui se trouve quelques lignes avant le titre "La propagande guerrière". Ainsi l'appel de la vidéo se fait depuis le Canada et on peut la voir.


Dernière édition par Non2 le Dim 10 Avr - 5:09, édité 1 fois
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Message  Loatse Jeu 7 Avr - 10:49

D'après certaines sources, nous aurions 40 000 hommes engagés dans 3 conflits actuellement : Afghanistan, Lybie, Côte d'ivoire... La coupe est pleine !

http://www.lepost.fr/article/2011/04/07/2458874_libye-7-avril-2011-pourquoi-l-otan-veut-elle-un-cesser-le-feu-a-misrata.html

ps : superbes, tes posts, non2 ! Wink
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Message  Non2 Jeu 7 Avr - 11:44

Le premier d'une série de 3 articles sur la Libye vient d'être publié sur Investig'Action, et un autre, très intéressant aussi, sur les conflits ivoirien et libyen et les intérêts à court terme de la France, sur LeGrandSoir.
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Message  Non2 Sam 9 Avr - 10:35

Une série de 3 articles décorticant la situation en Libye, que je poste ici au fur et à mesure que je termine de les lire. Long, mais instructif sur beaucoup de points.
Investig'Action a écrit:
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-1-3.html
Comprendre la guerre en Libye (1/3)

Michel Collon 7 avril 2011

Vous êtes très nombreux à réagir à la guerre en Libye et à envoyer vos questions. Michel Collon qui a publié plusieurs livres sur les stratégies de guerre des Etats-Unis et les médiamensonges des conflits précédents, répond à toutes ces questions et présente ici une analyse globale de ce conflit. Investig’Action tient à attirer votre attention sur l’importance de ce texte…

Partie 1 : Des questions qu’il faut se poser à chaque guerre
Partie 2 : Les véritables objectifs des USA vont bien au-delà du pétrole
Partie 3 : Pistes pour agir

Des questions qu’il faut se poser à chaque guerre

27 fois. Les Etats-Unis ont bombardé un pays à 27 reprises depuis 1945. Et chaque fois, on nous a affirmé que ces actes de guerre étaient « justes » et « humanitaires ». Aujourd’hui, on nous dit que cette guerre est différente des précédentes. Mais on l’avait dit aussi la fois passée. Et la fois d’avant. On le dit chaque fois. N’est-il pas temps de mettre sur papier les questions qu’il faut se poser à chaque guerre pour ne pas se faire manipuler ?

Pour la guerre, il y a toujours de l’argent ?

Dans le pays le plus puissant du globe, quarante-cinq millions de gens vivent sous le seuil de pauvreté. Aux Etats-Unis, écoles et services publics tombent en ruines, parce que l’Etat « n’a pas d’argent ». En Europe aussi, « pas d’argent » pour les retraites ou pour créer des emplois.

Mais lorsque la cupidité des banquiers provoque une crise financière, là, en quelques jours, on trouve des milliards pour les sauver. Ce qui a permis à ces mêmes banquiers US de distribuer l’an dernier 140 milliards $ de récompenses et bonus à leurs actionnaires et traders spéculateurs.

Pour la guerre aussi, il semble facile de trouver des milliards. Or, ce sont nos impôts qui paient ces armes et ces destructions. Est-il bien raisonnable de faire partir en fumée des centaines de milliers d’euros à chaque missile ou de gaspiller cinquante mille euros de l’heure avec un porte-avions ? A moins que la guerre soit une bonne affaire pour certains ?

Pendant ce temps, un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes et le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter sur notre planète en dépit des promesses.

Quelle différence entre un Libyen, un Bahreini et un Palestinien ?

Présidents, ministres et généraux jurent solennellement que leur objectif est seulement de sauver des Libyens. Mais, au même moment, le sultan du Bahrein massacre des manifestants désarmés grâce aux deux mille soldats saoudiens envoyés par les Etats-Unis ! Au même moment, au Yemen, les troupes du dictateur Saleh, allié des USA, tuent 52 manifestants à la mitrailleuse. Ces faits n’ont été contestés par personne, mais le ministre US de la Guerre, Robert Gates, a juste déclaré : « Je ne crois pas que ce soit mon rôle d’intervenir dans les affaires internes du Yemen » [1].
Pourquoi ce « deux poids, deux mesures » ? Parce que Saleh accueille docilement la Vème Flotte US et dit oui à tout ce que lui commande Washington ? Parce que le régime barbare d’Arabie saoudite est complice des multinationales pétrolières ? Il y aurait de « bons dictateurs » et de « mauvais dictateurs » ?

Comment les USA et la France peuvent-ils se prétendre humanitaires ? Lorsqu’Israël a tué deux mille civils en bombardant Gaza, ont-ils instauré une « no fly zone » ? Non. Ont-ils pris des sanctions ? Aucune. Pire : Javier Solana, alors responsable des Affaires étrangères de l’U.E. a déclaré à Jérusalem : « Israël est un membre de l'Union européenne sans être membre de ses institutions. Israël est partie prenante à tous les programmes » de recherche et de technologie de l'Europe des 27. Ajoutant même : « Aucun pays hors du continent n'a le type de relations qu'Israël entretient avec l'Union européenne. » Sur ce point, Solana dit vrai : l’Europe et ses fabricants d’armes collaborent étroitement avec Israël dans la production des drônes, missiles et autres armements qui sèment la mort à Gaza.

Rappelons qu’Israël a chassé sept cent mille Palestiniens de leurs villages en 1948, refuse toujours de leur rendre leurs droits et continue à commettre de multiples crimes de guerre. Sous cette occupation, 20% de la population palestinienne actuelle a séjourné ou séjourne dans les prisons d’Israël. Des femmes enceintes sont forcées d’accoucher attachées à leur lit et renvoyées immédiatement dans leurs cellules avec leurs bébés ! Mais ces crimes-là sont commis avec la complicité active des USA et de l’UE.

La vie d’un Palestinien ou d’un Bahreini ne vaut pas celle d’un Libyen ? Il y aurait les « bons Arabes » et les « mauvais Arabes » ?

Pour ceux qui croient encore à la guerre humanitaire…

Dans un débat télévisé que j’ai eu avec Louis Michel, ancien ministre belge des Affaires étrangères et commissaire européen à la Coopération au développement, celui-ci m’a juré - la main sur le cœur - que cette guerre visait à « mettre en accord les consciences de l’Europe ». Il a été appuyé par Isabelle Durant, dirigeante des Verts belges et européens. Ainsi, les écologistes « peace and love » ont muté va-t-en-guerre !
Le problème, c’est qu’on nous parle de guerre humanitaire à chaque fois, et que ces gens « de gauche » comme Durant s’y sont à chaque fois laissé prendre. Ne feraient-ils pas mieux de lire ce que pensent vraiment les dirigeants US au lieu de juste les écouter à la télévision ?

Ecoutez par exemple, à propos des bombardements contre l’Irak, le célèbre Alan Greenspan, qui fut longtemps directeur de la réserve fédérale des USA. Il écrit dans ses mémoires : « Je suis attristé qu’il soit politiquement incorrect de reconnaître ce que chacun sait : la guerre en Irak était essentiellement pour le pétrole » [2]. Ajoutant : « Les officiels de la Maison-Blanche m’ont répondu : ‘Eh bien, malheureusement, nous ne pouvons parler du pétrole’. » [3]
Ecoutez, à propos des bombardements contre la Yougoslavie, John Norris, directeur de com de Strobe Talbott qui était alors vice-ministre US des Affaires étrangères, chargé des Balkans. Norris écrit dans ses mémoires : « Ce qui explique le mieux la guerre de l’Otan, c’est que la Yougoslavie résistait aux grandes tendances des réformes politiques et économiques (il veut dire : refusait d’abandonner le socialisme), et ce n’est pas notre devoir envers les Albanais du Kosovo. » [4]

Ecoutez, à propos des bombardements contre l’Afghanistan, ce que disait alors l’ancien ministre US des Affaires étrangères Henry Kissinger : « Il existe des tendances, soutenues par la Chine et le Japon, à créer une zone de libre échange en Asie. Un bloc asiatique hostile combinant les nations les plus peuplées du monde avec de grandes ressources et certains des pays industriels les plus importants serait incompatible avec l’intérêt national américain. Pour ces raisons, l’Amérique doit maintenir une présence en Asie… » [5]

Ceci confirmait la stratégie avancée par Zbigniew Brzezinski, qui fut responsable de la politique étrangère sous Carter et est l’inspirateur d’Obama : « L’Eurasie (Europe + Asie) demeure l’échiquier sur lequel se déroule le combat pour la primauté globale. (…) La façon dont les Etats-Unis ‘gèrent’ l’Eurasie est d’une importance cruciale. Le plus grand continent à la surface du globe en est aussi l’axe géopolitique. Toute puissance qui le contrôle, contrôle par là même deux des trois régions les plus développées et les plus productives. 75% de la population mondiale, la plus grande partie des richesses physiques, sous forme d’entreprises ou de gisements de matières premières, quelque 60% du total mondial. » [6]

A gauche, n’a-t-on rien appris des médiamensonges humanitaires des guerres précédentes ?

Quand Obama le dit lui-même, vous ne le croyez pas non plus ?

Ce 28 mars, Obama a justifié ainsi la guerre contre la Libye : « Conscients des risques et des coûts de l’action militaire, nous sommes naturellement réticents à employer la force pour résoudre les nombreux défis du monde. Mais lorsque nos intérêts et valeurs sont en jeu, nous avons la responsabilité d’agir. Vu les coûts et les risques de l’intervention, nous devons chaque fois mesurer nos intérêts face à la nécessité d’une action. L’Amérique a un important intérêt stratégique à empêcher Kadhafi de défaire ceux qui s’opposent à lui. »

N’est-ce pas clair ? Alors, certains disent : « Oui, c’est vrai, les Etats-Unis n’agissent que s’ils y trouvent leur intérêt aussi. Mais au moins, à défaut de pouvoir intervenir partout, on aura sauvé ces gens-là. »
Faux. Nous allons montrer que seuls les intérêts seront défendus. Pas les valeurs. D’abord, chaque guerre US fait plus de victimes qu’il n’y en avait avant (en Irak, un million de victimes directes ou indirectes !). Ensuite, l’intervention en Libye en prépare d’autres…

Qui refusait de négocier ?

Mais, dès que vous émettez un doute sur l’opportunité de cette guerre contre la Libye, tout de suite, on vous culpabilise : « Vous refusez donc de sauver les Libyens du massacre ? »

Question mal posée. Supposons que tout ce qu’on nous a raconté se soit vraiment passé. Premièrement, arrête-t-on un massacre par un autre massacre ? Nous savons qu’en bombardant, nos armées vont tuer de nombreux civils innocents. Même si, comme à chaque guerre, les généraux nous promettent que celle-ci sera « propre », nous avons l’habitude de cette propagande.

Deuxièmement, il y avait un moyen beaucoup plus simple et efficace de sauver des vies tout de suite. Tous les pays d’Amérique latine ont proposé d’envoyer immédiatement une mission de médiation, présidée par Lula. La Ligue arabe et l’Union africaine soutenaient cette démarche et Kadhafi avait accepté (proposant aussi d’envoyer des observateurs internationaux pour vérifier le cessez-le feu).

Mais les insurgés libyens et les Occidentaux ont refusé cette médiation. Pourquoi ? « Parce que Kadhafi n’est pas de bonne foi », disent-ils. Possible. Tandis que les insurgés et leurs protecteurs occidentaux ont toujours été de bonne foi ? A propos des Etats-Unis, il est utile de rappeler comment ils se sont comportés dans toutes les guerres précédentes à chaque fois qu’un cessez-le-feu était possible…

En 1991, lorsque Bush père a attaqué l’Irak parce que celui-ci avait envahi le Koweit, Saddam Hussein a proposé de se retirer et qu’Israël évacue aussi les territoires illégalement occupés en Palestine. Mais les USA et les pays européens ont refusé six propositions de négociation. [7]

En 1999, lorsque Clinton a bombardé la Yougoslavie, Milosevic avait accepté les conditions imposées à Rambouillet, mais les USA et l’Otan en ont rajouté une, volontairement inacceptable : l’occupation totale de la Serbie. [8]
En 2001, lorsque Bush fils a attaqué l’Afghanistan, les talibans avaient proposé de livrer Ben Laden à un tribunal international si on fournissait des preuves de son implication, mais Bush a refusé de négocier.

En 2003, lorsque Bush fils a attaqué l’Irak sous prétexte d’armes de destruction massive, Saddam Hussein a proposé d’envoyer des inspecteurs, mais Bush a refusé car il savait que les inspecteurs ne trouveraient rien. Ceci a été confirmé par la divulgation du mémo d’une réunion entre le gouvernement britannique et les dirigeants des services scecrets briatnniques en juillet 2002 : « Les dirigeants britanniques espéraient que l’ultimatum soit rédigé en des termes inacceptables afin que Saddam Hussein le rejette directement. Mais ils étaient loin d’être certains que cela marcherait. Alors, il y avait un Plan B : les avions patrouillant dans la « no fly zone » jetant de nombreuses bombes en plus dans l’espoir que ceci provoquerait une réaction qui donnerait une excuse pour une large campagne de bombardements. » [9]

Alors, avant d’affirmer que « nous » disons toujours la vérité tandis que « eux » mentent toujours, et aussi que « nous » recherchons toujours une solution pacifique, tandis que « eux » ne veulent pas de compromis, il faudrait être plus prudents… Tôt ou tard, le public apprendra ce qui s’est vraiment passé lors des négociations en coulisses, et constatera une fois de plus qu’il a été manipulé. Mais il sera trop tard, et on ne ressuscitera pas les morts.

La Libye, c’est comme la Tunisie et l’Egypte ?

Dans son excellente interview publiée il y a quelques jours par Investig’Action, Mohamed Hassan posait la bonne question : « Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire ? ». A la lumière des recherches récentes, il est possible de répondre : les trois, en fait. Une révolte spontanée, rapidement récupérée et transformée en guerre civile (qui avait été préparée), le tout servant de prétexte à une agression militaire. Qui, elle aussi, avait été préparée. Rien ne tombe du ciel en politique. Expliquons-nous…

En Tunisie et en Egypte, la révolte populaire a grandi progressivement en quelques semaines, s’organisant peu à peu et s’unifiant sur des revendications claires, ce qui a permis de chasser les tyrans. Mais quand on analyse l’enchaînement ultra-rapide des événements à Benghazi, on est intrigué. Le 15 février, manifestation des parents de prisonniers politiques de la révolte de 2006. Manifestation durement réprimée, comme cela a toujours été le cas en Libye et dans les autres pays arabes. Et, à peine deux jours plus tard, re-manifestation, mais cette fois, les manifestants sont armés et passent directement à l’escalade contre le régime de Kadhafi. En deux jours, une révolte populaire devient une guerre civile ! Tout à fait spontanément ?

Pour le savoir, il faut examiner ce qui se cache sous le vocable imprécis « opposition libyenne ». A notre avis, quatre composantes aux intérêts très différents. 1° Une opposition démocratique. 2° Des dignitaires de Kadhafi « retournés » par l’Ouest. 3° Des clans libyens mécontents du partage des richesses. 4° Des combattants de tendance islamiste.

Qui compose cette « opposition libyenne » ?

Dans cet enchevêtrement, il est important de savoir à qui on a à faire. Et surtout quelle faction a été intégrée dans les stratégies des grandes puissances…

Opposition démocratique. Il est légitime d’avoir des revendications face au régime Kadhafi, dictatorial et corrompu comme les autres régimes arabes. Un peuple a le droit de vouloir remplacer un régime autoritaire par un système plus démocratique. Cependant, ces revendications sont jusqu’ici peu organisées et sans programme précis. On rencontre aussi, à l’étranger, des mouvements révolutionnaires libyens, également assez disparates, mais tous opposés à l’ingérence étrangère. Pour diverses raisons que l’on va clarifier, ce ne sont pas ces éléments démocratiques qui ont grand chose à dire aujourd’hui sous la bannière des USA et de la France.

Dignitaires « retournés ». A Benghazi, un « gouvernement provisoire » a été instauré et est dirigé par Mustapha Abud Jalil. Cet homme était, jusqu’au 21 février, ministre de la Justice de Kadhafi. Deux mois plus tôt, Amnesty l’avait placé sur la liste des plus effroyables responsables de violations de droits humains d’Afrique du nord ». C’est cet individu qui, selon les autorités bulgares, avait organisé les tortures de infirmières bulgares et du médecin palestinien longtemps détenus par le régime. Un autre « homme fort » de cette opposition est le général Abdul Fatah Younis, ex ministre de l’Intérieur de Kadhafi et auparavant chef de la police politique. On comprend que Massimo Introvigne, représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, estime que ces personnages « ne sont pas les ‘démocrates sincères’ des discours d’Obama, mais parmi les pires instruments du régime de Kadhafi, qui aspirent à chasser le colonel pour prendre sa place ». (1)

Clans mécontents. Comme le soulignait Mohamed Hassan, la structure de la Libye est restée fortement tribale. Durant la période coloniale, sous le régime du roi Idriss, les clans de l’est dominaient et les richesses pétrolières leur profitaient. Après la révolution de 1969, Kadhafi s’est appuyé sur les tribus de l’ouest et c’est l’est qui a été défavorisé. Il faut le regretter, un pouvoir démocratique et juste doit veiller à combattre les discriminations entre régions. On peut aussi se demander si les anciennes puissances coloniales n’ont pas encouragé les tribus mécontentes à saper l’unité du pays. Ce ne serait pas la première fois. Aujourd’hui, France et USA misent sur les clans de l’est pour prendre le contrôle du pays. Diviser pour régner, un vieux classique du colonialisme.

Eléments d’Al-Qaida. Des câbles diffusés par Wikileaks avertissaient que l’Est de la Libye était, proportionnellement, le premier exportateur au monde de « combattants - martyrs » en Irak. Des rapports du Pentagone décrivaient un « scénario alarmant » sur les rebelles libyens de Benghazi et Derna. Derna, ville de 80.000 habitants à peine, serait la première source de jihadistes en Irak. De même, Vicent Cannistraro, ancien chef de la CIA en Libye, signale parmi les rebelles beaucoup d’ « extrémistes islamiques capables de créer des problèmes » et que les « probabilités [sont] élevées que les individus les plus dangereux puissent avoir une influence dans le cas où Kadhafi devrait tomber ». (1).
Evidemment, tout ceci s’écrivait lorsque Kadhafi était encore « un ami ». Mais ça montre l’absence totale de principes dans le chef des USA et de leurs alliés. Quand Kadhafi a réprimé la révolte islamiste de Benghazi en 2006, ce fut avec les armes et le soutien des Occidentaux. Une fois, on est contre les combattants à la Ben Laden. Une fois, on les utilise. Faudrait savoir.

Parmi ces diverses « oppositions », quel élément l’emportera ? C’est peut-être aussi un but de l’intervention militaire de Washington, Paris et Londres : veiller à ce que « les bons « l’emportent ? Les bons de leur point de vue évidemment. Plus tard, on utilisera la « menace islamique » comme prétexte pour s’installer durablement
En tout cas, une chose est sûre : le scénario libyen est différent des scénarios tunisien ou égyptien. Là, c’était « un peuple uni contre un tyran ». Ici, on est dans une guerre civile, Kadhafi disposant du soutien d’une partie de la population. Et dans cette guerre civile, le rôle qu’ont joué les services secrets US et français n’est déjà plus si secret que ça…

Quel a été le rôle des services secrets ?

En réalité, l’affaire libyenne n’a pas commencé en février à Benghazi en février, mais à Paris le 21 octobre 2010. Selon les révélations du journaliste italien Franco Bechis (Libero, 24 mars), c’est ce jour-là que les services secrets français ont préparé la révolte de Benghazi. Ils ont alors « retourné » (ou peut-être déjà avant) Nuri Mesmari, chef du protocole de Kadhafi, qui était quasiment son bras droit. Le seul qui entrait sans frapper dans la résidence du guide libyen. Venu à Paris avec toute sa famille pour une opération chirurgicale, Mesmari n’y a rencontré aucun médecin, mais se serait par contre entretenu avec plusieurs fonctionnaires des services secrets français et de proches collaborateurs de Sarkozy, selon le bulletin web Maghreb Confidential.

Le 16 novembre, à l’hôtel Concorde Lafayette, il aurait préparé une imposante délégation qui allait se rendre deux jours plus tard à Benghazi. Officiellement, il s’agissait de responsables du ministère de l’Agriculture et de dirigeants des firmes France Export Céréales, France Agrimer, Louis Dreyfus, Glencore, Cargill et Conagra. Mais, selon les services italiens, la délégation comportait aussi plusieurs militaires français camouflés en hommes d’affaires. A Benghazi, ils rencontreront Abdallah Gehani, un colonel libyen que Mesmari a indiqué comme étant prêt à déserter.
A la mi-décembre, Kadhafi, méfiant, envoie un émissaire à Paris pour essayer de contacter Mesmari. Mais la France l’arrête. D’autres Libyens se rendent visite à Paris le 23 décembre, et ce sont eux qui vont diriger la révolte de Benghazi avec les milices du colonel Gehani. D’autant que Mesmari a fourni aux Français de nombreux secrets de la défense libyenne. De tout ceci, il ressort que la révolte à l’est n’est donc pas si spontanée qu’on nous l’a dit. Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que les Français…

Qui dirige à présent les opérations militaires du « Conseil national Libyen » anti-Kadhafi ? Un homme tout juste arrivé des USA le 14 mars, selon Al Jazeera. Décrit comme une des deux « stars » de l’insurrection libyenne par le quotidien britannique de droite Daily Mail, Khalifa Hifter est un ancien colonel de l’armée libyenne, passé aux Etats-Unis. Celui qui fut un des principaux commandants militaires de la Libye jusqu’à la désatreuse expédition au Tchad fin des années 80, a ensuite émigré aux USA et vécu ces vingt dernières années en Virginie. Sans source de revenus connue, mais à petite distance des bureaux… de la CIA. [10] Le monde est petit.

Comment un haut militaire libyen peut-il entrer aux Etats-Unis en toute tranquillité, quelques années après l’attentat terroriste de Lockerbie, pour lequel la Libye a été condamnée, et vivre vingt ans tranquillement à côté de la CIA ? Il a forcément dû offrir quelque chose en échange. Publié en 2001, le livre Manipulations africaines de Pierre Péan retrace les connexions d’Hifter avec la CIA et la création, avec le soutien de celle-ci, du Front National de Libération Libyen. Le seul exploit du dit Front sera l’organisation en 2007, aux USA, d’un « congrès national » financé par le National Endowment for Democracy [11], traditionnel intermédiaire de la CIA pour arroser les organisations au service des Etats-Unis…

En mars de cette année, à une date non communiquée, le président Obama a signé un ordre secret autorisant la CIA à mener des opérations en Libye pour renverser Kadhafi. Le Wall Street Journal, qui relate ceci le 31 mars, ajoute : « Les responsables de la CIA reconnaissent avoir été actifs en Libye depuis plusieurs semaines, tout comme d’autres services occidentaux. ».

Tout ceci n’est plus très secret, ça figure depuis un bon moment sur Internet, et ce qui est étonnant, c’est que les grands médias n’en aient pas dit un mot. Pourtant, on a déjà connu de nombreux exemples de « combattants de la liberté » ainsi armés et financés par la CIA. Par exemple, dans les années 80, les milices terroristes contras, mises sur pied par Reagan pour déstabiliser le Nicaragua et renverser son gouvernement progressiste. N’a-t-on rien appris de l’Histoire ? Cette « gauche » européenne qui applaudit aux bombardements n’utilise pas Internet ?
Faut-il s’étonner que les services italiens « balancent » ainsi les exploits de leurs confrères français et que ceux-ci « balancent » leurs collègues US ? Seulement si on croit aux belles histoires sur l’amitié entre « alliés occidentaux ». On va en parler…

Notes

[1] Reuters, 22/3.
[2] Sunday Times, 16 septembre 2007.
[3] Washington Post, 17 septembre 2007.
[4] Collision Course, Praeger, 2005, p.xiii.
[5] Does America need a foreign policy ?, Simon and Schuster, 2001, p. 111.
[6] Le Grand Echiquier, Paris 1997, p. 59-61.
[7] Michel Collon, Attention, médias ! Bruxelles, 1992, p. 92.
[8] Michel Collon, Monopoly, - L’Otan à la conquête du monde, Bruxelles 2000, page 38.
[9] Michael Smith, La véritable information des mémos de Downing Street, Los Angeles Times, 23 juin 2005.
[10] McClatchy Newspapers (USA), 27 mars.
[11] Eva Golinger, Code Chavez, CIA contre Venezuela, Liège, 2006
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La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Empty Re: La Libye, un nouvel Irak ?

Message  Non2 Sam 9 Avr - 21:45

Deuxième article de la série.

Investig'Action a écrit:
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-2-3.html

Comprendre la guerre en Libye (2/3)

Michel Collon 8 avril 2011

Quels sont les véritables objectifs des Etats-Unis ? A ce stade de notre réflexion, plusieurs indices permettent déjà d’écarter définitivement la thèse de la guerre humanitaire ou de la réaction impulsive face aux événements. Si Washington et Paris ont délibérément refusé toute négociation, s’ils ont « travaillé » depuis un bon moment l’opposition libyenne et préparé des scénarios détaillés d’intervention, si les porte-avions se tenaient depuis longtemps prêts à intervenir (comme l’a confirmé l’amiral Gary Roughead, chef de l’US Navy : « Nos forces étaient déjà positionnées contre la Libye », Washington, 23 mars), c’est forcément que cette guerre n’a pas été décidée au dernier moment en réaction à des événements soudains, mais qu’elle avait été planifiée. Parce qu’elle poursuit des objectifs majeurs qui dépassent largement la personne de Kadhafi. Lesquels ?

Les objectifs des USA vont bien au-delà du pétrole

Dans cette guerre contre la Libye, Washington poursuit plusieurs objectifs simultanément : 1. Contrôler le pétrole. 2. Sécuriser Israël. 3. Empêcher la libération du monde arabe. 4. Empêcher l’unité africaine. 5. Installer l’Otan comme gendarme de l’Afrique.

Ca fait beaucoup d’objectifs ? Oui. Tout comme lors des guerres précédentes : Irak, Yougoslavie, Afghanistan. En effet, une guerre de ce type coûte cher et comporte des risques importants pour l’image des Etats-Unis, surtout quand ils ne parviennent pas à gagner. Si Obama déclenche une telle guerre, c’est qu’il en attend des gains très importants.

Objectif n° 1 : Contrôler l’ensemble du pétrole

Certains disent que cette fois, ce n’est pas une guerre du pétrole, car les quantités libyennes seraient marginales dans la production mondiale et que, de toute façon, Kadhafi vendait déjà son pétrole aux Européens. Mais ils ne comprennent pas en quoi consiste la « guerre mondiale du pétrole »…

Avec l’aggravation de la crise générale du capitalisme, les grandes puissances économiques se livrent une compétition de plus en plus acharnée. Les places sont chères dans ce jeu de chaises musicales. Pour garantir une chaise à ses multinationales, chaque puissance doit se battre sur tous les fronts : conquérir des marchés, conquérir des zones de main d’œuvre profitable, obtenir de gros contrats publics et privés, s’assurer des monopoles commerciaux, contrôler des Etats qui lui accorderont des avantages… Et surtout, s’assurer la domination sur des matières premières convoitées. Et avant tout, le pétrole.

En 2000, analysant les guerres à venir dans notre livre Monopoly, nous écrivions : « Qui veut diriger le monde, doit contrôler le pétrole. Tout le pétrole. Où qu’il soit. ». Si vous êtes une grande puissance, il ne vous suffit pas d’assurer votre propre approvisionnement en pétrole. Vous voudrez plus, vous voudrez le maximum. Non seulement pour les énormes profits, mais surtout parce qu’en vous assurant un monopole, vous serez à même d’en priver vos rivaux trop gênants ou de les soumettre à vos conditions. Vous détiendrez l’arme absolue. Chantage ? Oui.

Depuis 1945, les Etats-Unis ont tout fait pour s’assurer ce monopole sur le pétrole. Un pays rival comme le Japon dépendait par exemple à 95% des USA pour son approvisionnement en énergie. De quoi garantir son obéissance. Mais les rapports de force changent, le monde devient multipolaire et les Etats-Unis font face à la montée de la Chine, à la remontée de la Russie, à l’émergence du Brésil et d’autres pays du Sud. Le monopole devient de plus en plus difficile à maintenir.

Le pétrole libyen, c’est seulement 1% ou 2% de la production mondiale ? D’accord, mais il est de la meilleure qualité, d’extraction facile et donc très rentable. Et surtout il est situé tout près de l’Italie, de la France et de l’Allemagne. Importer du pétrole du Moyen-Orient, d’Afrique noire ou d’Amérique latine se ferait à un coût bien supérieur. Il y a donc bel et bien bataille pour l’or noir libyen. D’autant plus pour un pays comme la France, la plus engagée dans un programme nucléaire devenu bien hasardeux.

Dans ce contexte, il faut rappeler deux faits. 1. Kadhafi désirait porter la participation de l’Etat libyen dans le pétrole de 30% à 51%. 2. Le 2 mars dernier, Kadhafi s’était plaint que la production pétrolière de son pays était au plus bas. Il avait menacé de remplacer les firmes occidentales ayant quitté la Libye par des sociétés chinoises, russes et indiennes. Est-ce une coïncidence ? Chaque fois qu’un pays africain commence à se tourner vers la Chine, il lui arrive des problèmes.

Voici un autre indice : Ali Zeidan, l’homme qui a lancé le chiffre de « six mille morts civils », qui auraient été victimes des bombardements de Kadhafi, cet homme est aussi le porte-parole du fameux CNT, le gouvernement d’opposition, reconnu par la France. Eh bien, à ce titre, Ali Zeidan a déclaré que « les contrats signés seront respectés", mais que le futur pouvoir « prendra en considération les nations qui nous ont aidés » ! C’est donc bien une nouvelle guerre du pétrole. Mais elle ne se déroule pas seulement contre la Libye…

Pourquoi ces rivalités USA – France - Allemagne ?

Si la guerre contre la Libye est juste humanitaire, on ne comprend pas pourquoi ceux qui la mènent se disputent entre eux. Pourquoi Sarkozy s’est-il précipité pour être le premier à bombarder ? Pourquoi s’est-il fâché lorsque l’Otan a voulu prendre le contrôle des opérations ? Son argument « L’Otan est impopulaire dans les pays arabes » ne tient pas debout. Comme si lui, Sarkozy, y était tellement populaire après avoir à ce point protégé Israël et Ben Ali !

Pourquoi l’Allemagne et l’Italie ont-elles été si réticentes face à cette guerre ? Pourquoi le ministre italien Frattini a-t-il d’abord déclaré qu’il fallait « défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye » et que « l’Europe ne devrait pas exporter la démocratie en Libye »[1] ? Simples divergences sur l’efficacité humanitaire ? Non, il s’agit là aussi d’intérêts économiques. Dans une Europe confrontée à la crise, les rivalités sont de plus en plus fortes aussi. Il y a quelques mois encore, on défilait à Tripoli pour embrasser Kadhafi et empocher les gros contrats libyens. Ceux qui les avaient obtenus, n’avaient pas intérêt à le renverser. Ceux qui ne les avaient pas obtenus, y ont intérêt.

Qui était le premier client du pétrole libyen ? L’Italie. Qui était le deuxième ? L’Allemagne. Continuons avec les investissements et les exportations des puissances européennes… Qui avait obtenu le plus de contrats en Libye ? L’Italie. Numéro deux ? L’Allemagne.

C’est la firme allemande BASF qui était devenue le principal producteur de pétrole en Libye avec un investissement de deux milliards d’euros. C’est la firme allemande DEA, filiale du géant de l’eau RWE, qui a obtenu plus de quarante mille kilomètres carrés de gisements de pétrole et de gaz. C’est la firme allemande Siemens qui a joué le rôle majeur dans les énormes investissements du gigantesque projet « Great Man Made River » : le plus grand projet d’irrigation au monde, un réseau de pipelines pour amener l’eau depuis la nappe aquifère de la Nubie jusqu’au désert du Sahara. Plus de 1.300 puits, souvent à plus de cinq cents mètres de profondeur qui, une fois tous les travaux terminés, fourniront chaque jour 6,5 millions de mètres cubes d’eau à Tripoli, Benghazi, Syrte et d’autres villes. [2] 25 milliards de dollars qui ont attiré quelques convoitises ! De plus, avec ses pétrodollars, la Libye avait aussi engagé un très ambitieux programme pour renouveler ses infrastructures, construire des écoles et des hôpitaux et pour industrialiser le pays.

Profitant de sa puissance économique, l’Allemagne a noué des partenariats économiques privilégiés avec la Libye, l’Arabie saoudite et les pays du Golfe arabique. Elle n’a donc aucune envie d’abîmer son image dans le monde arabe. Quant à l’Italie, il faut rappeler qu’elle colonisa la Libye avec une brutalité inouïe en s’appuyant sur les tribus de l’ouest contre celles de l’est. Aujourd’hui, à travers Berlusconi, les sociétés italiennes ont obtenu quelques beaux contrats. Elles ont donc beaucoup à perdre. Par contre, la France et l’Angleterre qui n’ont pas obtenu les plus beaux morceaux du gâteau, sont à l’offensive pour obtenir le repartage de ce gâteau. Et la guerre en Libye est tout simplement le prolongement de la bataille économique par d’autres moyens. Le monde capitaliste n’est vraiment pas beau.
La rivalité économique se transpose sur le plan militaire. Dans une Europe en crise et dominée par une Allemagne ultraperformante (grâce notamment à sa politique de bas salaires), la France rompt ses alliances et se tourne à présent vers la Grande-Bretagne pour tenter de rééquilibrer la situation. Paris et Londres ont davantage de moyens militaires que Berlin, et tentent de jouer cette carte pour contrer leur faiblesse économique.

Objectif n° 2 : Sécuriser Israël

Au Moyen-Orient, tout est lié. Comme Noam Chomsky nous l’a expliqué dans un entretien [3] : « A partir de 1967, le gouvernement US a considéré Israël comme un investissement stratégique. C’était un des commissariats de quartier chargés de protéger les dictatures arabes productrices de pétrole. ». Israël, c’est le flic du Moyen-Orient.

Seulement, le problème nouveau pour Washington, c’est que les nombreux crimes commis par Israël (Liban, Gaza, flotille humanitaire…) l’isolent de plus en plus. Les peuples arabes réclament la fin de ce colonialisme. Du coup, c’est le « flic » qui a besoin d’être protégé. Israël ne peut survivre sans un entourage de dictatures arabes ne tenant aucun compte de la volonté de leurs peuples d’être solidaires des Palestiniens. C’est pourquoi Washington a protégé Moubarak et Ben Ali, et protégera les autres dictateurs.

Les Etats-Unis craignent de « perdre » la Tunisie et l’Egypte dans les années à venir. Ce qui changerait les rapports de force dans la région. Après la guerre contre l’Irak en 2003, qui était aussi un avertissement et une intimidation envers tous les autres dirigeants arabes, Kadhafi avait senti la menace. Il avait donc multiplié les concessions, parfois exagérées, aux puissances occidentales et à leur néolibéralisme. Ce qui l’avait affaiblie sur le plan intérieur des résistances sociales. Quand on cède au FMI, on fait du tort à sa population. Mais si demain la Tunisie et l’Egypte virent à gauche, Kadhafi pourra sans doute revenir sur ces concessions.

Un axe de résistance Le Caire – Tripoli – Tunis, tenant tête aux Etats-Unis et décidé à faire plier Israël serait un cauchemar pour Washington. Faire tomber Kadhafi, c’est donc de la prévention.

Objectif n° 3 : Empêcher la libération du monde arabe

Qui règne aujourd’hui sur l’ensemble du monde arabe, son économie, ses ressources et son pétrole ? Pas les peuples arabes, on le sait. Mais pas non plus les dictateurs en place. Certes, ils occupent le devant de la scène, mais les véritables maîtres sont dans les coulisses.

Ce sont les multinationales US et européennes qui décident ce qu’on va produire ou non dans ces pays, quels salaires on paiera, à qui profiteront les revenus du pétrole et quels dirigeants on y imposera. Ce sont les multinationales qui enrichissent leurs actionnaires sur le dos des populations arabes.

Imposer des tyrans à l’ensemble du monde arabe a des conséquences très graves : le pétrole, mais aussi les autres ressources naturelles servent seulement aux profits des multinationales, pas à diversifier l’économie locale et à créer des emplois. En outre, les multinationales imposent des bas salaires dans le tourisme, les petites industries et les services en sous-traitance.

Du coup, ces économies restent dépendantes, déséquilibrées et elles ne répondent pas aux besoins des peuples. Dans les années à venir, le chômage va encore s’aggraver. Car 35% des Arabes ont moins de quinze ans. Les dictateurs sont des employés des multinationales, chargés d’assurer leurs profits et de briser la contestation. Les dictateurs ont pour rôle d’empêcher la Justice sociale.

Trois cent millions d’Arabes répartis en vingt pays, mais se considérant à juste titre comme une seule nation, se trouvent donc placés face à un choix décisif : accepter le maintien de ce colonialisme ou devenir indépendants en empruntant une voie nouvelle ? Tout autour, le monde est en plein bouleversement : la Chine, le Brésil et d’autres pays s’émancipent politiquement, ce qui leur permet de progresser économiquement. Le monde arabe demeurera-t-il en arrière ? Restera-t-il une dépendance des Etats-Unis et de l’Europe, une arme que ceux-ci utilisent contre les autres nations dans la grande bataille économique et politique internationale ? Ou bien l’heure de la libération va-t-elle enfin sonner ?

Cette idée terrorise les stratèges de Washington. Si le monde arabe et le pétrole leur échappent, c’en est fini de leur domination sur la planète. Car les Etats-Unis, puissance en déclin économique et politique, sont de plus en plus contestés : par l’Allemagne, par la Russie, par l’Amérique latine et par la Chine. En outre, de nombreux pays du Sud aspirent à développer les relations Sud – Sud, plus avantageuses que la dépendance envers les Etats-Unis.

Ceux-ci ont de plus en plus de mal à se maintenir comme la plus grande puissance mondiale, capable de piller des nations entières et capable de porter la guerre partout où ils le décident. Répétons-le : si demain le monde arabe s’unit et se libère, si les Etats-Unis perdent l’arme du pétrole, ils ne seront plus qu’une puissance de second rang dans un monde multipolaire. Mais ce sera un grand progrès pour l’humanité : les relations internationales prendront un nouveau cours, et les peuples du Sud pourront enfin décider de leur propre sort et en finir avec la pauvreté.

Ceux pour qui la démocratie est dangereuse

Les puissances coloniales ou néocoloniales d’hier nous jurent qu’elles ont changé. Après avoir financé, armé, conseillé et protégé Ben Ali, Moubarak et compagnie, voilà que les Etats-Unis, la France et les autres nous inondent de déclarations touchantes. Comme Hillary Clinton : « Nous soutenons l’aspiration des peuples arabes à la démocratie. »

C’est un mensonge total. Les Etats-Unis et leurs alliés ne veulent absolument pas d’une démocratie arabe, ne veulent absolument pas que les Arabes puissent décider sur leur pétrole et leurs autres richesses. Ils ont donc tout fait pour freiner la démocratisation, pour maintenir au pouvoir des responsables de l’ancien régime. Et, quand cela échoue, pour imposer d’autres dirigeants à eux, chargés de démobiliser les résistances populaires. Le pouvoir égyptien vient par exemple de prendre des mesures anti-grèves très brutales.

Expliquer la guerre contre la Libye par cette idée qu’après la Tunisie et l’Egypte, Washington et Paris auraient « compris » et voudraient se donner bonne conscience ou en tout cas redorer leur blason, ce n’est donc qu’une grosse tromperie. En réalité, la politique occidentale dans le monde arabe forme un ensemble qui s’applique sous trois formes diverses : 1. Maintenir des dictatures répressives. 2. Remplacer Moubarak et Ben Ali par des pions sous contrôle. 3. Renverser les gouvernements de Tripoli, Damas et Téhéran pour recoloniser ces pays « perdus ». Trois méthodes, mais un même objectif : maintenir le monde arabe sous domination pour continuer à l’exploiter.

La démocratie est dangereuse quand on représente seulement les intérêts d’une toute petite minorité sociale. Ce qui fait très peur aux Etats-Unis, c’est que le mécontentement social a éclaté dans pratiquement toutes les dictatures arabes… En Irak (et nos médias n’en ont rien dit), de nombreuses grèves ont touché le pétrole, le textile, l’électricité et d’autres secteurs. A Kut, les troupes US ont même encerclé une usine textile en grève. On a manifesté dans seize des dix-huit provinces, toutes communautés confondues, contre ce gouvernement corrompu qui abandonne son peuple dans la misère. A Bahrein, sous la pression de la rue, le roi a fini par promettre une bourse spéciale de 2.650 $ à chaque famille. A Oman, le sultan Qaboos bin Said a remplacé la moitié de son gouvernement et augmenté le salaire minimum de 40%, ordonnant de créer cinquante mille emplois. Même le roi saoudien Fahd a débloqué 36 milliards de dollars pour aider les familles à bas et moyens revenus !

Evidemment, une question surgit de suite chez tous les gens simples : mais s’ils avaient tout cet argent, pourquoi le gardaient-ils dans leurs coffres ? La question suivante étant : combien d’autres milliards ont-ils volé à leurs peuples avec la complicité des Etats-Unis ? Et la dernière : comment mettre fin à ce vol ?

« Révolutions Facebook », grand complot US ou vraies révolutions ?

Une interprétation erronée s’est répandue sur Internet : les révolutions arabes auraient été déclenchées et manipulées par les Etats-Unis. Ils en auraient tiré les ficelles pour opérer des changements bien contrôlés et pouvoir attaquer la Libye, la Syrie, l’Iran. Tout aurait été « fabriqué ». L’argument pour cette thèse : des organismes plus ou moins officiels avaient invité aux USA et formé des « cyberactivistes » arabes qui ont joué un rôle en pointe dans la circulation des infos et qui ont symbolisé une révolution de type nouveau, la « révolution Facebook ».

L’idée de ce grand complot ne tient pas. En réalité, les Etats-Unis ont tout fait pour maintenir aussi longtemps que possible Moubarak, dictateur bien utile. Cependant, ils le savaient en mauvaise santé et « fini ». Dans ce genre de situations, ils préparent évidemment un « Plan B » et même un « Plan C ». Le Plan B consistait à remplacer Moubarak par un de ses adjoints. Mais ça avait peu de chances de marcher, vu la colère profonde du peuple égyptien.

Donc, ils avaient préparé aussi un, voire plusieurs Plan C, comme ils le font d’ailleurs dans pratiquement tous les pays qu’ils veulent contrôler. Ca consiste en quoi ? Ils achètent à l’avance quelques opposants et intellectuels - que ceux-ci s’en rendent compte ou non - et « investissent » donc dans l’avenir. Le jour venu, ils propulsent ces gens sur le devant de la scène. Combien de temps ça marchera, c’est une autre question dès lors que la population est mobilisée et qu’un régime, même relifté, ne peut résoudre les revendications populaires si son but est de maintenir l’exploitation des gens.

Parler de « révolution Facebook » est un mythe qui arrange bien les USA. Autant nous avons signalé depuis longtemps l’importance cruciale des nouvelles méthodes d’info et de mobilisation sur Internet, autant est absurde l’idée que Facebook remplacerait les luttes sociales et les révolutions. Cette idée convient bien aux grands capitalistes (dont Moubarak était le représentant), mais en réalité ce qu’ils craignent par dessus tout, c’est la contestation des travailleurs, car elle met directement en danger leur source de profits.

Le rôle des travailleurs

Facebook est une méthode de lutte, ce n’est pas l’essence de la révolution. Cette présentation veut escamoter le rôle de la classe ouvrière (au sens large), qui serait remplacée par Internet. En réalité, une révolution est une action par laquelle ceux d’en bas donnent leur congé à ceux d’en haut. Avec un changement radical non seulement du personnel politique, mais surtout dans les rapports d’exploitation sociale.

Aïe ! Selon nos grands penseurs officiels, ça fait longtemps qu’on n’aurait plus le droit d’employer le terme « lutte de classe » qui serait dépassé et même un peu obscène. Pas de chance pour vous, le deuxième homme le plus riche du monde, le grand boursier Warren Buffet, a lâché le morceau il y a quelque temps : « D’accord, il y a une lutte de classe en Amérique. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre et nous la gagnons. ». [4] Ça, Monsieur Buffett, il ne faut jamais en jurer avant la fin de la pièce ! Rira bien…

Mais les réalités tunisiennes et égyptiennes confirment la réalité de la lutte des classes, en accord avec Monsieur Buffett… Quand Ben Ali a-t-il fait sa valise ? Le 14 janvier, quand les travailleurs tunisiens étaient engagés dans une grève générale. Quand Moubarak a-t-il quitté son trône ? Lorsqu’une puissante grève des ouvriers égyptiens a paralysé les usines de textile, la poste et même les médias officiels. Explication par Joel Beinin, professeur à l’université de Stanford et ancien directeur à l’université américaine du Caire : « Ces dix dernières années, une vague énorme de protestations sociales avaient touché plus de deux millions de travailleurs dans plus de trois mille grèves, sit-ins et autres formes de protestation. Tel était l’arrière-plan de tout ce soulèvement révolutionnaire des dernières semaines… Mais dans les derniers jours, on a vu des dizaines de milliers de travailleurs lier leurs revendications économiques avec l’exigence d’abolir le régime Moubarak… ». [5]

La révolution arabe ne fait que commencer. Après les premières victoires populaires, la classe dominante, toujours au pouvoir, tente d’apaiser le peuple avec quelques petites concessions. Obama souhaitait que la rue se calme au plus vite et que tout reste comme avant. Cela peut marcher un temps, mais la révolution arabe est en route. Elle peut prendre des années mais sera difficile à arrêter.

Objectif n° 4 : Empêcher l’unité africaine

Continent le plus riche de la planète, avec une profusion de ressources naturelles, l’Afrique est aussi le plus pauvre. 57% vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’1,25 $ par jour.
La clé de ce mystère ? C’est justement que les multinationales ne paient pas ces matières premières, elles les volent. En Afrique, elles pillent les ressources, imposent des bas salaires, des accords commerciaux défavorables et des privatisations nuisibles, elles exercent toutes sortes de pressions et chantages sur des Etats faibles, elles les étranglent par une Dette injuste, elles installent des dictateurs complaisants, elles provoquent des guerres civiles dans les régions convoitées.

L’Afrique est stratégique pour les multinationales, car leur prospérité est basée sur le pillage de ces ressources. Si un prix correct était payé pour l’or, le cuivre, le platine, le coltan, le phosphate, les diamants et les produits agricoles, les multinationales seraient beaucoup moins riches mais les populations locales pourraient échapper à la pauvreté.

Pour les multinationales des Etats-Unis et d’Europe, il est donc vital d’empêcher l’Afrique de s’unir et de s’émanciper. Elle doit rester dépendante. Un exemple, bien exposé par un auteur africain, Jean-Paul Pougala… « L’histoire démarre en 1992 lorsque quarante-cinq pays africains créent la société RASCOM pour disposer d’un satellite africain et faire chuter les coûts de communication sur le continent. Téléphoner de et vers l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde, parce qu’il y avait un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par an sur les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat.

Un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale , le FMI, les USA, l’Union Européenne ont fait miroiter inutilement ces pays pendant quatorze ans. C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux pratiquant des prêts à un taux usuraire ; le guide libyen a ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, La Banque Africaine de Développement a mis 50 millions, la Banque Ouest Africaine de Développement, 27 millions et c’est ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian, angolais, algérien et même un deuxième satellite africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du monde, mais à un coût dix fois inférieur, un vrai défi.

Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais les milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique. (…) C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première vraie révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une connexion à bas coût devient disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio WMAX. » [6]

Tiens, voilà quelque chose qu’on ne nous avait pas raconté sur le méchant Kadhafi ! Qu’il aidait les Africains à s’émanciper de l’étouffante tutelle des Occidentaux. Y aurait-il encore d’autres non dits de ce genre ?

Kadhafi a défié le FMI et Obama joue les pick-pockets

Oui. En soutenant le développement du « Fonds monétaire africain » (FMA), Kadhafi a commis le crime de défier le Fonds Monétaire International (FMI). On sait que le FMI, contrôlé par les Etats-Unis et l’Europe, et présidé par Dominique Strauss-Kahn, exerce un véritable chantage sur les pays en développement. Il leur prête seulement à condition que ces pays acceptent de se défaire de leurs entreprises au profit des multinationales, de passer des commandes inintéressantes ou de réduire leurs budgets santé et éducation. Bref, ce banquier FMI est très nuisible.

Eh bien, de même que les Latinos ont lancé leur propre Banco Sur, pour contrer les chantages arrogants du FMI et décider eux-mêmes quels projets vraiment utiles ils veulent financer, voici que le FMA pourrait commencer à offrir une voie plus indépendante aux Africains. Et qui finance le FMA ? L’Algérie a fourni 16 milliards, et la Libye 10 milliards. Soit ensemble 62% de son capital.

Mais, dans la plus grande discrétion médiatique, Obama vient tout simplement de voler trente milliards au peuple libyen. Comment ça s’est passé ? Le 1er mars (bien avant la résolution de l’ONU), il a donné l’ordre au Trésor US de bloquer les dépôts de la Libye aux USA. Puis, le 17 mars, il s’est arrangé pour insérer dans la résolution 1973 de l’ONU une petite phrase autorisant à geler les avoirs de la banque centrale de Libye mais aussi de la compagnie nationale libyenne du pétrole. On sait que Kadhafi a amassé un trésor pétrolier qui lui a permis d’investir dans de grandes sociétés européennes, dans de grands projets de développement africain (et peut-être aussi dans certaines campagnes électorales européennes, mais ceci ne semble pas constituer une forme efficace d’assurance-vie !)…

Bref, la Libye est un pays assez riche (200 milliards de dollars de réserves) qui a attiré les convoitises d’une puissance hyper-endettée : les Etats-Unis. Alors, pour détourner les dizaines de milliards de dollars de la banque nationale libyenne, bref pour faire les poches du peuple libyen, Obama a simplement baptisé tout ça « source potentielle de financement du régime Kadhafi » et le tour était joué. Un vrai pick-pocket.

Malgré tous ses efforts pour amadouer l’Occident en multipliant les concessions au néolibéralisme, Kadhafi inquiétait toujours les dirigeants des Etats-Unis. Un câble de l’ambassade US à Tripoli, datant de novembre 2007, déplore cette résistance : « Ceux qui dominent la direction politique et économique de la Libye poursuivent des politiques de plus en plus nationalistes dans le secteur de l’énergie. » Refuser la privatisation tous azimuts, ça mérite donc des bombardements ? La guerre est bel et bien la continuation de l’économie par d’autres moyens.

Objectif n° 5 : Installer l’Otan comme gendarme de l’Afrique

Au départ, l’Otan était censée protéger l’Europe contre la « menace militaire soviétique ». Donc, une fois l’URSS disparue, l’Otan aurait dû disparaître aussi. Mais ce fut tout le contraire…

Après avoir bombardé en Bosnie en 1995, Javier Solana, secrétaire-général de l’Otan, déclarait : « L’expérience acquise en Bosnie pourra servir de modèle pour nos opérations futures de l’Otan ». A l’époque, j’avais donc écrit : « L’Otan réclame en fait une zone d’action illimitée. La Yougoslavie a été un laboratoire pour préparer de prochaines guerres. Où auront-elles lieu ? ». [7] Et je proposais cette réponse : « Axe n° 1 : Europe de l’Est. Axe n° 2 : Méditerranée et Moyen-Orient. Axe n° 3 : le tiers monde en général. » Nous y sommes, c’est ce programme qui se réalise aujourd’hui.

Dès 1999, l’Otan bombardait la Yougoslavie. Une guerre pour soumettre ce pays au néolibéralisme, ainsi que nous l’avons vu. Etudiant les analyses des stratèges US, je soulignai alors cette phrase de l’un d’eux, Stephen Blank : « Les missions de l’Otan seront de plus en plus ‘out of area’ (hors de sa zone de défense). Sa fonction principale deviendrait donc d’être le véhicule de l’intégration de régions toujours plus nombreuses dans la communauté occidentale économique, de sécurité, politique et culturelle. » [8]

Soumettre des régions toujours plus nombreuses à l’Occident ! J’écrivis alors : « L’Otan est l’armée au service de la globalisation, l’armée des multinationales. Pas à pas, l’Otan se transforme bel et bien en gendarme du monde. » [9]. Et j’indiquais les prochaines cibles probables de l’Otan : Afghanistan, Caucase, retour en Irak… Pour commencer.
Aujourd’hui que tout cela s’est effectivement réalisé, certains me demandent : « Vous aviez une boule de cristal ? ». Pas besoin de boule de cristal, il suffit d’étudier les documents du Pentagone et des grands bureaux de stratégie US, qui ne sont même pas secrets, et de saisir leur logique.

Et cette logique de l’Empire est en fait très simple : 1. Le monde est une source de profits. 2. Pour gagner la guerre économique, il faut être la superpuissance dominante. 3. Pour ça, il faut contrôler les matières premières, les régions et les routes stratégiques. 4. Toute résistance à ce contrôle doit être brisée : par la corruption, le chantage ou la guerre, peu importent les moyens. 5. Pour rester la superpuissance dominante, il faut absolument empêcher les rivaux de s’allier contre le maître.

Expansion de l’Otan : sur trois continents déjà !

Pour défendre ces intérêts économiques et devenir le gendarme du monde, les dirigeants de l’Otan sèment la panique : « Notre monde sophistiqué, industrialisé et complexe a été assailli par bon nombre de menaces mortelles : changement climatique, sécheresse, famine, cybersécurité, question énergétique » [10], Ainsi, des problèmes non militaires, mais sociaux et environnementaux sont utilisés comme prétextes pour augmenter les armements et les interventions militaires.

Le but de l’Otan est en fait de se substituer à l’ONU. Cette militarisation du monde rend notre avenir de plus en plus dangereux. Et cela a bien sûr un coût terrible : les Etats-Unis prévoient pour 2011 un budget militaire record de 708 milliards. Soit 2.320 dollars par habitant ! Deux fois plus qu’aux débuts de Bush. De plus, le ministre US de la Guerre, Robert Gates, ne cesse de pousser les Européens à dépenser plus : « La démilitarisation de l’Europe constitue un obstacle à la sécurité et à une paix durable au 21ème siècle. » [11]Les pays européens ont dû s’engager envers Washington à ne pas diminuer leurs dépenses militaires. Tout profit pour les firmes d’armement.

L’expansion mondiale de l’Otan n’a rien à voir avec Kadhafi, Saddam Hussein ou Milosevic. Il s’agit d’un plan global pour maintenir la domination sur la planète et ses richesses, pour maintenir les privilèges des multinationales, pour empêcher les peuples de choisir leur propre voie. L’Otan a protégé Ben Ali, Moubarak et les tyrans d’Arabie saoudite, l’Otan protégera ceux qui vont leur succéder, l’Otan brisera seulement ceux qui résistent à l’Empire.

Pour devenir gendarme du monde, l’Otan avance en effet pas à pas. Une guerre en Europe contre la Yougoslavie, une guerre en Asie contre l’Afghanistan et à présent, une guerre en Afrique contre la Libye. Déjà trois continents ! Elle avait bien été tentée d’intervenir aussi en Amérique latine en organisant des manœuvres contre le Venezuela il y a deux ans. Mais là, c’était trop risqué, car l’Amérique latine est de plus en plus unie et refuse les « gendarmes » des USA.

Pourquoi Washington veut-elle absolument installer l’Otan comme gendarme de l’Afrique ? A cause des nouveaux rapports de forces mondiaux, analysés plus haut : Etats-Unis en déclin, contestés : par l’Allemagne, la Russie, l’Amérique latine et la Chine, et même par des pays petits et moyens du tiers monde.

Pourquoi ne parle-t-on pas d’Africom ?

Ce qui inquiète le plus Washington, c’est la puissance croissante de la Chine. Proposant des relations plus égalitaires aux pays asiatiques, africains et latino-américains, achetant les matières premières à meilleur prix et sans chantage colonial, proposant des crédits plus intéressants, réalisant des travaux d’infrastructure utiles au développement, la Chine leur offre une alternative à la dépendance envers Washington, Londres ou Paris. Alors, que faire pour contrer la Chine ?

Le problème, c’est qu’une puissance en déclin économique a moins de moyens de pression financière même sur les pays africains, les Etats-Unis ont donc décidé d’utiliser leur meilleure carte : la carte militaire. Il faut savoir que leurs dépenses militaires dépassent celles de tous les autres pays du globe réunis. Depuis plusieurs années, ils avancent peu à peu leurs pions sur le continent africain. Le 1er octobre 2008, ils ont installé « Africom » (Africa Command). Tout le continent africain (à l’exception de l’Egypte) a été placé sous un seul commandement US unifié regroupant l’US Army, l’US Navy, l’US Air Force, les Marines et les « opérations spéciales » (débarquements, coups d’Etat, actions clandestines…). L’idée étant de répéter ensuite le mécanisme avec l’Otan pour appuyer les forces US.

Washington, voyant des terroristes partout, en a trouvé en Afrique aussi. Comme par hasard aux alentours du pétrole nigérian et d’autres ressources naturelles convoitées. Donc, si vous voulez savoir où se dérouleront les prochains épisodes de la fameuse « guerre contre le terrorisme », cherchez sur la carte le pétrole, l’uranium et le coltan, et vous aurez trouvé. Et comme l’Islam est répandu dans de nombreux pays africains, dont le Nigéria, vous avez déjà le prochain scénario…

Objectif réel d’Africom : « stabiliser » la dépendance de l’Afrique, l’empêcher de s’émanciper, l’empêcher de devenir un acteur dépendant qui pourrait s’allier à la Chine et à l’Amérique latine. Africom constitue une arme essentielle dans les plans de domination mondiale des Etats-Unis. Ceux-ci veulent pouvoir s’appuyer sur une Afrique et des matières premières sous contrôle exclusif dans la grande bataille qui s’est déclenchée pour le contrôle de l’Asie et pour le contrôle de ses routes maritimes. En effet, l’Asie est le continent où se joue d’ores et déjà la bataille économique décisive du 21ème siècle. Mais c’est un gros morceau avec une Chine très forte et un front d’économies émergentes qui ont intérêt à former un bloc. Washington veut dès lors contrôler entièrement l’Afrique et fermer la porte aux Chinois.

La guerre contre la Libye est donc une première étape pour imposer Africom à tout le continent africain. Elle ouvre une ère non de pacification du monde, mais de nouvelles guerres. En Afrique, au Moyen-Orient, mais aussi tout autour de l’Océan indien, entre l’Afrique et la Chine.

Pourquoi l’Océan indien ? Parce que si vous regardez une carte, vous voyez que c’est la porte de la Chine et de l’Asie toute entière. Donc, pour contrôler cet océan, Washington cherche à maîtriser plusieurs zones stratégiques : 1. Le Moyen-Orient et le Golfe persique, d’où sa nervosité à propos de pays comme l’Arabie saoudite, le Yemen, Bahrein et l’Iran. 2. La Corne de l’Afrique, d’où son agressivité envers la Somalie et l’Erythrée. Nous reviendrons sur ces géostratégies dans le livre Comprendre le monde musulman – Entretiens avec Mohamed Hassan que nous préparons pour bientôt.

Le grand crime de Kadhafi

Revenons à la Libye. Dans le cadre de la bataille pour contrôler le continent noir, l’Afrique du Nord est un objectif majeur. En développant une dizaine de bases militaires en Tunisie, au Maroc et en Algérie ainsi que dans d’autres nations africaines, Washington s’ouvrirait la voie pour établir un réseau complet de bases militaires couvrant l’ensemble du continent.

Mais le projet Africom a rencontré une sérieuse résistance des pays africains. De façon hautement symbolique, aucun n’a accepté d’accueillir sur son territoire le siège central d’Africom. Et Washington a dû maintenir ce siège à… Stuttgart en Allemagne, ce qui était fort humiliant. Dans cette perspective, la guerre pour renverser Kadhafi est au fond un avertissement très clair aux chefs d’Etat africains qui seraient tentés de suivre une voie trop indépendante.
Le voilà, le grand crime de Kadhafi : la Libye n’avait accepté aucun lien avec Africom ou avec l’Otan. Dans le passé, les Etats-Unis possédaient une importante base militaire en Libye. Mais Kadhafi la ferma en 1969. C’est évident, la guerre actuelle a notamment pour but de réoccuper la Libye. Ce serait un avant-poste stratégique permettant d’intervenir militairement en Egypte si celle-ci échappait au contrôle des Etats-Unis.

Quelles sont les prochaines cibles en Afrique ?

La question suivante sera donc : après la Libye, à qui le tour ? Quels autres pays africains pourraient être attaqués par les Etats-Unis ? C’est simple. Sachant que la Yougoslavie avait aussi été attaquée parce qu’elle refusait de rentrer dans l’Otan, il suffit de regarder la liste des pays n’ayant pas accepté de s’intégrer dans Africom, sous le commandement militaire des Etats-Unis. Il y en a cinq : Libye, Soudan, Côte d’Ivoire, Zimbabwe, Erythrée. Voilà les prochaines cibles.

Le Soudan a été scindé et placé sous la pression de sanctions internationales. Le Zimbabwe est sous sanctions également. La Côte d’Ivoire s’est vu imposer une guerre civile fomentée par l’Occident. L’Erythrée s’est vu imposer une guerre terrible par l’Ethiopie, agent des USA dans la région, elle est sous sanctions également.

Tous ces pays ont été ou vont être l’objet de campagnes de propagande et de désinformation. Qu’ils soient dirigés ou non par des dirigeants vertueux et démocratiques n’a rien à voir. L’Erythrée tente une expérience de développement économique et sociale autonome en refusant les « aides » que voudraient lui imposer la Banque mondiale et le FMI contrôlés par Washington. Ce petit pays remporte de premiers succès dans son développement, mais il est sous menace internationale. D’autres pays, s’ils « tournent mal », sont également dans le collimateur des Etats-Unis. L’Algérie particulièrement. En fait, il ne fait pas bon suivre sa propre voie…

Et pour ceux qui croiraient encore que tout ceci relève d’une « théorie du complot », que les USA ne programment pas tant de guerres mais improvisent en réagissant à l’actualité, rappelons ce qu’avait déclaré en 2007 l’ex-général Wesley Clark (commandant suprême des forces de l’Otan en Europe entre 1997 et 2001, qui dirigea les bombardements sur la Yougoslavie) : « En 2001, au Pentagone, un général m’ a dit : ‘Je viens de recevoir un mémo confidentiel (‘classified’) du secrétaire à la Défense : nous allons prendre sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et pour finir l’Iran’. » [12] Des rêves à la réalité, il y a une marge, mais les plans sont là. Juste retardés.

Notes

[1] Marianna Lepore, The war in Libya and Italian interests, inaltreparole.net, 22 février.
[2] Ron Fraser, Libya accelerates German-Arabian peninsula alliance, Trumpet.com, 21 mars
[3] Michel Collon, Israël, parlons-en !, Bruxelles 2010, p. 172.
[4] New York Times Magazine, novembre 2006.
[5] Interview radio Democracy now, 10 février.
[6] J-P Pougalas, Les mensonges de la guerre contre la Libye, palestine-solidarite.org, 31 mars
[7] Michel Collon, Poker menteur, Bruxelles, 1998, p 160-168.
[8] Nato after enlargement, US Army War College, 1998, p. 97.
[9] Michel Collon, Monopoly – L’Otan à la conquête du monde, Bruxelles 2000, pp. 90 et 102).
[10] Assemblée commune Otan – Lloyd’s à Londres, 1er octobre 2009.
[11] Nato Strategic Concept seminar, Washington, 23 février 2010.
[12] Interview radio Democracy Now, 2 mars 2007
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La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Empty Re: La Libye, un nouvel Irak ?

Message  Loatse Sam 9 Avr - 23:20

Article très intéressant, merci non2.. J'ajouterai ceux ci, qui apportent également une autre lumière sur les évènements en lybie et les conflits d'intérêts (sources Agoravox)

Bombarder la Libye : de 1986 à 2011 (Countercurrents)

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Pan-ch10

En 1987, j’étais membre de la Délégation pour la Paix US en Libye. Nous étions là pour la première commémoration du bombardement US contre la Libye en 1986.

En avril 1986, des avions de combat US ont frappé Tripoli à 2 heures du matin. Ils ont bombardé la résidence familiale de Kadhafi, blessant plusieurs membres de sa famille et tuant sa fille de 15 mois. Ma fille avait à peu près le même âge à l’époque et cela m’avait bouleversé.

Les avions US ont bombardé aussi des immeubles d’habitation, à des kilomètres de toute cible militaire, tuant des dizaines d’enfants dans leur sommeil. J’ai aidé à poser des fleurs sur leurs tombes, dans le cimetière des Martyrs, situé dans un ancien stade italien à Tripoli.

Dimanche dernier, je me suis réveillé et j’ai allumé la télé et j’ai vu une famille Libyenne en deuil qui enterrait leur fillette de 3 ans, tuée dans son sommeil au cours de la dernière attaque US contre la Libye.

Au cours des 25 dernières années, j’ai suivi les évènements en Libye et depuis que je me suis installé ici en Érythrée en 2006, j’ai même vu le colonel Kadhafi passer la nuit dans sa tente sur la plage près de notre maison au bord de la Mer Rouge.

Les Etats-Unis semblent avoir besoin d’un épouvantail arabe ou musulman. Avant Oussama Ben Laden, il y a eu Saddam Hussein et avant Saddam Hussein, il y a eu Muammar Kadhafi. Avec un tel historique, il me paraît nécessaire de revenir sur ce qui se passe réellement en Libye.

D’abord, un peu d’histoire. En 1969, lorsque le colonel Kadhafi est arrivé au pouvoir par un coup d’état qui a renversé le roi libyen, le peuple libyen était un des plus pauvres au monde avec un revenu annuel par habitant de moins de 60 dollars.

Aujourd’hui, grâce au « socialisme arabe » du gouvernement et à la manne pétrolière, le peuple libyen connaît un de plus hauts niveaux de vie du monde arabe. La plupart des familles libyennes sont propriétaires de leur domicile et la plupart possèdent une voiture.

Le système public de santé, gratuit, est l’un des meilleurs du monde arabe et l’éducation gratuite est bonne, sinon meilleure, que celles de la région.

Alors la question qui se pose est : pourquoi une révolte a-t-elle éclatée ?

La réponse, que je cherche partout depuis un mois, n’est pas simple.

La révolté a démarré à Benghazi, dans l’est du pays. Un élément très important qui n’est mentionné dans aucun grand média est que cette ville est le point du continent Africain le plus proche de l’Europe. Benghazi est donc devenue, au cours des 15 dernières années environ, l’épicentre de la migration africaine vers l’Europe. Il est arrivé que plus de 1000 émigrés africains entrent par jour en Libye dans l’espoir d’atteindre l’Europe.

Le trafic humain, un de commerces les plus malsains et inhumains qui soit, s’est transformé en une véritable industrie à Benghazi, brassant des milliards de dollars. Un monde parallèle mafieux s’est développé dans la ville et il est profondément implanté et emploie des milliers de personnes dans tous les domaines et corrompt la police et les fonctionnaires. Ce n’est que depuis un an que le gouvernement libyen, avec l’aide de l’Italie, a réussi à contrôler ce cancer. Avec la disparition de leur marchandise humaine et de nombreux chefs en prison, la mafia a été en pointe dans le financement et le soutien à la rébellion libyenne. De nombreux gangs de trafic humain et autres éléments issus des bas-fonds de Benghazi sont connus pour avoir mené des pogroms contre les travailleurs immigrés africains à Benghazi même et dans les banlieues. Depuis le début de la rébellion à Benghazi, plusieurs centaines de travailleurs immigrés, Soudanais, Somaliens, Éthiopiens et Érythréens, ont été détroussés ou assassinés par les milices racistes rebelles, un fait soigneusement caché par les média internationaux.

Benghazi est aussi connu comme un foyer d’extrémisme religieux, de fanatiques libyens qui sont passés par l’Afghanistan se sont concentrés là-bas et des groupes terroristes ont organisé des attentats et assassiné des fonctionnaires dans la ville au cours des vingt dernières années. Un groupe, qui se nomme Le Groupe Islamique Combattant, a déclaré dés 2007 qu’il était affilié à Al Qaeda. Ce sont ces groupes qui ont été les premiers à prendre les armes contre le gouvernement libyen.

Le dernier problème, et le plus difficile à résoudre, est alimenté par des croyances désuètes présentes dans la société libyenne. Les Libyens refusent de faire des travaux qu’ils considèrent comme « sales ». En 1987, les Libyens étudiants du département d’anglais qui nous accompagnaient en parlaient ouvertement. Les jeunes Libyens qui terminent leurs études refusent des emplois de bas de gamme aux tâches subalternes. Ils s’attendent à obtenir immédiatement un bon poste avec un bon salaire, un bon appartement et une voiture neuve.

Le gouvernement a été obligé de faire venir des centaines de milliers de travailleurs immigrés pour faire « le travail sale » que les Libyens refusent de faire, d’abord depuis l’Afrique subsaharienne et plus tard depuis l’Asie.

Le résultat est que des milliers de jeunes Libyens sont sans emploi et vivent aux crochets de leurs familles. Cette existence parasitaire a généré de nombreux problèmes sociaux graves. L’alcool, interdit en Libye, et la drogue constituent un problème en augmentation chez les jeunes.

Tous ces problèmes sociaux étaient arrivés à un stade critique lorsque la rue arabe a déclenché son soulèvement contre les élites soutenues par l’Occident, d’abord en Tunisie, voisin de la Libye, ensuite en Egypte.

Lorsque les premières manifestations de jeunes mécontents se sont déroulées à Benghazi, la coalition informelle de groupes terroristes et de gangs de trafiquants ont immédiatement profité de la situation pour attaquer les prisons de haute sécurité à l’extérieur de Benghazi où leurs camarades étaient enfermés. Après la libération de leurs chefs, la rébellion a attaqué les postes de police et les bâtiments officiels, et les habitants de la ville se sont réveillés avec la vision de cadavres de policiers pendus aux ponts qui enjambent les autoroutes.

Le gouvernement libyen dirigé par le Colonel Kadhafi a toujours pris soin de ne pas laisser se développer une armée professionnelle et puissante, et préférait compter sur un système de « comités révolutionnaires » pour diriger les communautés locales et s’occuper des questions de sécurité dans le pays.

Ces « comités révolutionnaires » n’ont jamais vraiment connu l’épreuve du feu et ont été lents à réagir devant une rébellion qui s’étendait rapidement. Le gouvernement libyen a finalement réussi à s’organiser et a lancé une offensive contre la rébellion. Les rebelles, pour la plupart des jeunes sans formation militaire et des milices vaguement encadrées, ont été chassés des territoires fraichement conquis et il est devenu évident que la rébellion allait échouer. De hauts officiers des services de renseignement US l’ont publiquement admis. A présent, il est largement reconnu, du moins dans le monde arabe et africain, que la majorité des Libyens soutiennent le gouvernement dirigé par le Colonel Kadhafi et que la rébellion n’est soutenue que par une minorité de la population. La fin de la rébellion semblait inéluctable.

Alors que le forces militaires du gouvernement se trouvaient dans les banlieues de Benghazi et que le sort de la rébellion semblait scellé, il a été décidé aux Etats-Unis, et chez ses hommes de main à Londres et à Paris, d’attaquer la Libye pour renverser le gouvernement.

La Libye est un pays riche en pétrole, proche de l’Europe, avec les plus grandes réserves de pétrole confirmées de tout le continent africain. Avec de tels enjeux, la décision fut prise de lancer une attaque contre la Libye. En fait, il faudrait dire « de lancer un massacre » parce qu’il n’existe pas à ce jour de défense efficace contre les missiles de croisière et le bombardement de haute altitude, surtout la nuit, et tant pis pour les victimes civiles.

Après leurs attaques et invasions de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Somalie, peu de gens dans le monde croient à la version occidentale d’une attaque contre la Libye pour protéger des civils. Les Etats-Unis et leurs alliés européens jouent à un jeu extrêmement dangereux en attaquant la Libye aujourd’hui. Alors que les pays arabes courent le risque de connaître de véritables situations révolutionnaires, c’est-à-dire des révoltes armées contres les élites soutenues par l’Occident, l’attaque contre la Libye pourrait devenir l’étincelle que l’Occident tentait désespérément justement d’éviter.

Il est impossible de prévoir les conséquences des attaques de l’Occident contre la Libye. Assisterons-nous à un nouveau Kosovo ou à une victoire du gouvernement libyen dirigé par Kadhafi ?

La seule chose qui est sûre, c’est que le peuple libyen paiera cher pour garder son pays, un prix qui sera inévitablement payé en sang.

Je suis déjà en train de préparer ma prochaine visite en Libye, prévue à la même époque pour l’année prochaine, peut-être avec la deuxième délégation US pour la paix en Libye. Dieu sait combien de fleurs il faudra déposer sur les tombes des enfants libyens tués par le dernier massacre commis par les Etats-Unis et leurs partenaires européens.

Thomas C. Mountain
Asmara, Érythrée



La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 Otan-l10

Dans le cas de la Libye, c’est la France de Nicolas Sarkozy, nouvel allié
privilégié de Washington et dès lors soutenu par elle en contrepartie, qui a
été le promoteur de l’intervention : après avoir un peu trop rapidement
lâché son ancien allié, Mouammar Kadhafi, et reconnu les rebelles comme
nouveau gouvernement légal, Paris s’est retrouvée Gros-Jean comme devant
lorsque Kadhafi a repris la main ; d’où cet acharnement d’Alain Juppé, le
ministre des Affaires étrangères français, à arracher au Conseil de
Sécurité une résolution autorisant l’intervention en Libye.

Pour ce faire, une pirouette rhétorique, bien que cousue de fil blanc, a
été exécutée : la rébellion, armée, qui tente de renverser le régime de
Kadhafi, rébellion partisane (la « révolution » libyenne est en réalité
une guerre civile entre les clans tribaux de la région de l’est, Benghazi et
Tobrouk, et la majorité des Libyens, favorables à Tripoli), s’est comme par
magie transformée en une « révolte de civils sans défense », en proie à la
vengeance meurtrière du chef de l’État libyen.

C’était en effet la condition sine qua non à la légalité d’une
intervention onusienne dans les affaires intérieures libyennes : le principe
fondamental qui régit les rapports entre les État consiste en la
non-ingérence ; chaque État est souverain à l’intérieur de ses frontières
et seul le gouvernement, qu’il soit démocratique ou pas, a la légitimité
pour user de la force et maintenir l’ordre. Toutefois, le Conseil de
Sécurité de l’ONU peut autoriser une intervention, mais dans le seul cas où
serait en cours un génocide ou un crime contre la population civile.

De là, le discours martelé par la France et partout redit : « nous
intervenons pour protéger des civils, avec l’accord de la communauté
internationale, y compris celui des nations arabes, et dans le cadre d’un
mandat de l’ONU ».

Mais de quelle « communauté internationale » s’agit-il, si non du petit
club des États occidentaux (et encore, pas de tous) ? En effet, la résolution
n’a été avalisée ni par l’Inde, ni par la Chine, ni par la Russie, ni par
le Brésil. Elle est critiquée par la Turquie et même par l’Allemagne, qui a
décidé de suspendre la participation de sa marine aux manœuvres de l’OTAN
en Méditerranée, pour être certaine de ne pas devoir intervenir dans
l’affaire en cas d’extension du conflit. Quant aux nations arabes, elles se
résument à trois monarchies, depuis toujours gagnées aux intérêts
états-uniens : l’Arabie saoudite et deux petits États, le Qatar et les
Émirats arabes unis, lesquels, paradoxalement, laissent leur voisin, le roi du
Bahreïn, massacrer son peuple en révolte, qui est, lui, réellement sans
défense (mieux, l’Arabie saoudite a envoyé des troupes en renfort au
monarque bahreïni).

En outre, ce dont aucun média n’a fait écho, plusieurs des leaders des
rebelles ne sont pas à proprement parler des démocrates « épris de liberté
»...

À commencer par le président du « Conseil national de Transition » qui
ambitionne de remplacer le gouvernement Kadhafi, lequel n’est autre que
Mustapha Mohammed Abud al-Jalil, ancien ministre de la justice de Kadhafi,
nommé à ce poste car il appartient à la même tribu que l’épouse du
dirigeant libyen.

En décembre 2010, Amnesty International avait dénoncé Mustapha Abud
al-Jalil comme l’un « des plus effroyables responsables de violations des
droits humains en Afrique du nord ». C’est lui qui, notamment, avait condamné
à mort les cinq infirmières bulgares détenues en otages par le régime, avec
un médecin palestinien, et, libérées, suite à l’intervention
hyper-médiatisée de Cécilia Sarkozy, l’épouse du président français,
après huit années de calavaire, pendant lesquelles elles furent maltraitées
et violées (ainsi donc, la boucle est bouclée...). Ce qui a valu à Nicolas
Sarkozy la colère du premier ministre bulgare Boïko Borissov, lorsque ce
dernier a appris la reconnaissance unilatérale par Paris du « Conseil national
de Transition ».

Autre exemple éloquent, parmi les « démocrates » et « défenseurs des
Droits de l’Homme » soutenus par la coalition, le général Abdul Fatah
Younis, nommé à la tête des « forces armées "civiles" » rebelles.

Ancien ministre de l’intérieur libyen, Abdul Fatah Younis a également
dirigé la police politique. Il était donc en charge de la répression et des
tortures exercées sur les opposants au régime du colonel Kadhafi, dont il
semble qu’il ait, en fin de compte, décidé de prendre le trône...

Sont-ce là les civils « épris de liberté » que la coalition est sensée
protéger ?

Enfin, le mandat de l’ONU. A l’origine, il s’agissait de mettre en place
une zone d’exclusion aérienne. Par la suite, la France a réussi à imposer
un texte autorisant les États à « tout mettre en œuvre » pour protéger les
civils, contenu déjà plus vague et propice à l’interprétation…

Néanmoins, l’objectif est demeuré précis : la protection des civils.

Pourtant, à peine la résolution votée, la France s’est empressée
d’engager le combat contre les forces armées libyennes (l’armée
régulière obéissant au gouvernement légitime) et a commencé à détruire
ses infrastructures. Des missiles, qui ont fait de nombreuses victimes civiles,
ont été tirés par les Britanniques et les États-uniens depuis des navires ;
certains visaient directement la résidence du chef de l’État libyen ( !).

Sans complexe, devant « l’incapacité des rebelles à profiter de l’aide
de la coalition pour remporter la victoire » (sic), certaines chancelleries ont
même proposé de « fournir des armes lourdes aux insurgés » (sic), car « il
est évident que les populations civiles ne pourront être en sécurité
qu’une fois Kadhafi parti » (sic).

Il est en outre désormais bien établi que la coalition « internationale »
a dépêché aux rebelles des conseillers, qui coordonnent les opérations
militaires et les mouvements des troupes des insurgés et les frappes des forces
franco-britannico-états-uniennes. Autrement dit, les frappes de cette
coalition, non seulement, ont enlevé la maîtrise de l’air au gouvernement
libyen mais, surtout, ont objectivement et délibérément soutenu la
progression des rebelles. La coalition a fourni une force aérienne aux
insurgés.

L’objectif poursuivi, comme on l’aura compris, n’est donc nullement la
protection des civils, mais le renversement du gouvernement libyen et son
remplacement par les leaders de la rébellion.

En d’autres termes, cette coalition est en train d’appuyer une tentative
de coup d’État, en faveur duquel elle a pris parti.

L’intervention en Libye constitue incontestablement un acte de guerre,
illégal, envers le gouvernement libyen.

C’est aussi une ingérence patente dont les motivations, évidemment liée
à la question pétrolière et gazière, s’inscrivent sans ambiguïté aucune
dans le cadre d’une politique néocoloniale qui crie son nom.

En cela, la résolution 1973 et l’intervention en Libye constituent un
précédent dangereux pour la souveraineté des peuples : ce précédent
pourrait être le justificatif et le premier acte d’une longue liste
d’interventions à venir, au Venezuela, en Amérique latine, en Afrique, en
Iran… Partout où le commande l’intérêt des puissances, la moindre
opposition au gouvernement en place, même extrêmement minoritaire, voire
organisée et téléguidée depuis l’étranger (comme ce fut le cas lors des
célèbres « révolutions colorées »), pourrait être instrumentalisée de
sorte à justifier une intervention.

En Iran, par exemple, la forte minorité d’opposants au gouvernement du
président Ahmadinejad, si répression des manifestations il y avait à nouveau,
pourrait servir de prétexte à une intervention de soutien à la population
civile, exactement comme en Libye. La livraison d’armes à l’opposition
serait alors envisageable, de sorte à renverser le gouvernement iranien (au
risque de passer par une période de guerre civile et de dévaster le pays).

La question pour l’avenir : après l’Irak, après la Libye… à qui le
tour ?

Pierre PICCININ
Professeur d’histoire et de sciences politiques
Website : http://pierre.piccinin-publications...


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Message  Non2 Dim 10 Avr - 0:53

Le premier de tes articles est intéressant en ce qu'il est plus centré sur le pays et la région. Quand il a commencé à parler des trafics de Benghazi, j'ai directement pensé qu'il s'agit du "fief" des anciens rois et des tribus qui régnaient avant la révolution de 1969, et que c'était ce qui arrive quand on ne coupe pas assez de têtes de "nobles" ... Parfois je me fais peur moi-même ...

Le deuxième a l'avantage de résumer clairement la situation. Crying or Very sad
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Message  Loatse Dim 10 Avr - 3:13

rhooôoo, un adepte du docteur guillotin !!! :affraid: La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 652596

C'est vrai que la situation était un peu confuse au départ... jusqu'à ce qu'il devienne visible qu'il y avait anguille sous roche et qu'on n'avait pas affaire à une révolution sans équivoque comme en Tunisie ou en Egypte... Or si nous, "vulgum pecus" ignorions tout de la situation, nos dirigeants eux, ne pouvaient pas prétendre ne pas savoir de quoi il en retournait exactement...

La proposition d'Hilary Clinton d'armer les insurgés et ce peu après le début de cette insurection montre bien qu'il y a un parti pris, une volonté de décider à la place du peuple libyen, de sa gouvernance...

On a effectivement entendu parler du massacre d'africains en Libye ceux ci étaient présentés par les médias comme des mercenaires maliens à la solde de kadhafi, silence radio sur les travailleurs immigrés victimes des purges de l'opposition...

Opposition que notre Président s'est d'ailleurs empressé de proclamer comme réprésentant du pouvoir libyen... Ce que le peuple lybien désire, apparemment n'entre pas en ligne de compte dans les décisions gouvernementales françaises.. Surtout un an avant les présidentielles..

Manque de bol pour l'umps; une majorité de nos concitoyens commencent à y voir plus clair,
Manque de bol pour la France (et la Libye), on ne nous a pas demandé notre avis... Sad

La Libye, un nouvel Irak ? - Page 3 63051810






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Message  Non2 Dim 10 Avr - 4:30

Troisième et dernière partie.

Investig'Action a écrit:
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-3-3.html

Comprendre la guerre en Libye (3/3)

Michel Collon 8 avril 2011

A chaque guerre, c’est ainsi. Au début, il est presqu’impossible de s’y opposer. Le matraquage médiatique est tel qu’on est immédiatement catalogué comme complice d’un monstre. Après un certain temps, quand viendront les « bavures », les morts civils, les échecs militaires et les révélations sur « nos amis », le débat finira bien par s’ouvrir. Mais au début, c’est très dur.

3ème partie : Pistes pour agir

Pour débloquer ce débat, la bataille de l’info est la clé, comme nous le disions encore il y a une semaine. [1] Et cette bataille ne peut être menée que par chacun de nous, là où il est, en fonction des personnes rencontrées, en écoutant bien ce qui les influence, en vérifiant les infos avec eux, patiemment… Pour mener efficacement ce débat, il est très important d’étudier l’expérience de la désinformation dans les guerres précédentes.

Les 5 principes de la propagande de guerre appliqués à la Libye

Cette expérience, nous l’avons résumée dans les « cinq principes de la propagande de guerre », exposés dans notre livre Israël, parlons-en ! A chaque guerre, les médias veulent nous persuader que nos gouvernements font bien et pour ça, ils appliquent ces cinq principes : 1. Occulter les intérêts économiques. 2. Inverser la victime et l’agresseur. 3. Cacher l’Histoire. 4. Diaboliser. 5. Monopoliser l’info.

Ces cinq principes ont été appliqués à nouveau contre la Libye, on s’en est rendu compte dans les pages précédentes. Pour finir, attirons l’attention sur le quatrième : la diabolisation de l’adversaire. Les va-t-en-guerre doivent toujours persuader l’opinion qu’ils n’agissent pas pour obtenir des avantages économiques ou stratégiques, mais bien pour éliminer une grave menace. Dans chaque guerre, depuis des décennies, le dirigeant adverse a toujours été présenté comme cruel, immoral et dangereux, avec les pires récits d’atrocités. Par après, beaucoup de ces récits - et parfois tous - se sont dégonflés, mais peu importe, ils avaient rempli leur rôle : manipuler l’émotion du public pour l’empêcher d’analyser les intérêts réellement en jeu. Impossible de revenir en arrière.

Nous n’avons pas eu les moyens d’aller en Libye. Par contre, nous avons été en Yougoslavie, sous les bombes de l’Otan et nous avons constaté, et prouvé, que l’Otan avait menti systématiquement. [2] Nous l’avons constaté aussi en Irak. Quant à la Libye, cela y ressemble beaucoup, mais nous n’avons pas eu jusqu’ici les moyens de procéder à des test-médias sur les infos présentées. Notre équipe Investig’Action manque encore des moyens nécessaires. Mais plusieurs observateurs ont déjà repéré de forts indices de désinformation. Par exemple, les « six mille morts qui auraient été victimes des bombardements de Kadhafi sur des civils ». Où sont les images ? Il n’y avait aucune caméra, aucun téléphone portable là-bas comme il y en avait à Gaza, à la place Tahrir, à Tunis ou au Bahrein ? Aucune preuve, aucun témoignage fiable, des démentis par les satellites russes ou des observateurs de l’UE, et pourtant l’info a tourné en boucle inlassablement et plus personne n’ose la contredire sous peine d’être taxé de « complicité ».

Une guerre civile, ce n’est jamais de la dentelle, mais ceci est vrai des deux côtés. Une info partiale essaiera toujours de nous faire croire que les atrocités sont commises d’un seul côté et donc qu’il faut soutenir l’autre. Mais il convient d’être très prudent sur de tels récits.

Qui nous informe ?

Ce qu’il faut pouvoir montrer autour de nous, c’est que la diabolisation ne tombe pas du ciel. Elle est diffusée par des médias qui prennent parti, souvent sans le dire. Et c’est quand même toujours la première question à se poser dans une guerre : m’a-t-on fait entendre l’autre partie ?

Pourquoi en Europe et aux Etats-Unis, les médias sont-ils à fond contre Kadhafi ? Et pourquoi, en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Russie, dénonce-t-on au contraire une nouvelle croisade impérialiste ? Ils se trompent tous ? Les Occidentaux savent toujours tout mieux ? Ou bien chacun est-il influencé par ses médias ? Alors, devons-nous suivre aveuglément nos médias ou les tester ?

Nous avons été abondamment abreuvés sur les côtés négatifs de Kadhafi. Mais qui nous a signalé ses aspects positifs ? Qui nous a parlé de son aide aux projets de développement africain ? Qui nous a dit que la Libye connaissait, selon les institutions internationales , le plus haut « indice de développement humain » de toute l’Afrique, loin devant les chouchous de l’Ouest comme l’Egypte ou la Tunisie ? Espérance de vie : 74 ans, analphabétisme réduit à 5%, budget de l’éducation à 2,7% du PIB et celui de la Défense à 1,1%.

Distinguer deux questions différentes

Il y a beaucoup d’intimidation intellectuelle dans le débat sur la Libye. Si vous dénoncez la guerre contre la Libye, on vous accuse de soutenir tout ce qu’a fait Kadhafi. Pas du tout. Il faut distinguer deux problèmes bien différents.
D’une part, les Libyens ont parfaitement le droit de choisir leurs dirigeants, et d’en changer par les moyens qu’ils jugent nécessaires. Les Libyens ! Pas Obama, ni Sarkozy. Tout en faisant le tri dans les accusations contre Kadhafi, entre ce qui est vraiment établi et ce qui relève de la propagande intéressée, un progressiste peut très bien souhaiter que les Libyens aient un meilleur dirigeant.

D’autre part, quand la Libye est attaquée parce que des pirates veulent faire main basse sur son pétrole, ses réserves financières et sa position stratégique, alors il faut dire que le peuple libyen souffrira encore plus sous le pouvoir de ces pirates et de leurs marionnettes. La Libye perdra son pétrole, ses entreprises, les réserves de sa banque nationale, ses services sociaux et sa dignité. Le néolibéralisme appliquera ses sales recettes qui ont déjà plongé tant de peuples dans la misère.

Mais un bon dirigeant, ça n’arrive jamais dans les valises des envahisseurs et à coups de bombes. Ce que les Etats-Unis ont amené en Irak, c’est un Al-Maliki et un petit groupe de corrompus qui vendent leur pays aux multinationales. En Irak, on n’a toujours pas la démocratie, mais en outre, on a perdu le pétrole, l’électricité, l’eau, les écoles et tout ce qui permet une vie un peu digne. Ce que les Etats-Unis ont amené en Afghanistan, c’est un Karzaï qui ne règne sur rien sauf un quartier de Kaboul, pendant que les bombes US frappent des villageois, des fêtes de mariage, des écoles et que le commerce de la drogue ne s’est jamais aussi bien porté.

Les dirigeants qui seraient imposés à la Libye par les bombes occidentales seraient pires que Kadhafi. Donc, il faut soutenir le gouvernement légal libyen lorsqu’il résiste à ce qui est vraiment une agression néocoloniale. Parce que toutes les solutions préparées par Washington et ses alliés sont mauvaises : que ce soit le renversement ou l’assassinat de Kadhafi, que ce soit la scission du pays en deux ou que ce soit la « somalisation », c’est-à-dire une guerre civile de basse intensité et de longue durée. Toutes ces solutions apporteront des souffrances aux populations.

La seule solution dans l’intérêt des Libyens est la négociation, avec des médiateurs internationaux désintéressés qui ne soient pas partie au conflit, comme Lula. Un bon accord implique le respect de la souveraineté libyenne, le maintien de l’unité du pays, la préparation de réformes pour démocratiser et mettre fin aux discriminations régionales.

Faire respecter le droit qui est le contraire du « droit d’ingérence »

Ce débat politique délicat, il faut toujours essayer de le ramener aux principes de base de la vie internationale : souveraineté des Etats, coexistence pacifique entre systèmes différents, non-ingérence dans les affaires intérieures. Les puissances occidentales aiment se présenter comme celles qui cherchent à faire respecter le droit. Mais c’est complètement faux.

On nous dit que les Etats-Unis sont aujourd’hui beaucoup plus respectueux du droit international qu’au temps du cow-boy Bush, et qu’il y a eu cette fois une résolution de l’ONU. Ce n’est pas l’endroit pour discuter si l’ONU représente vraiment la volonté démocratique des peuples ou si les votes de nombreux Etats sont l’objet d’achats et de pressions. Mais on fera simplement remarquer que cette résolution 1973 viole le droit international et, tout d’abord, la Charte fondamentale… de l’ONU elle-même.

En effet, son article 2 § 7 stipule : « Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans desaffaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat. ». Réprimer une insurrection armée est de la compétence d’un Etat même si on peut en regretter les conséquences. De toute façon, si bombarder des rebelles armés est considéré comme un crime intolérable, alors il faut d’urgence juger Bush et Obama pour ce qu’ils ont fait en Irak et en Afghanistan.

De même, l’article 39 limite les cas où la contrainte militaire est autorisée : « L'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression » (contre un autre pays). La Libye ne correspond à aucun de ces trois cas, et cette guerre est donc, elle aussi, illégale. A remarquer, juste pour rire, que même le Traité de l’Otan précise dès son article 1 :« Les parties s'engagent, ainsi qu'il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées.

On nous présente ce « droit d’ingérence humanitaire » comme une nouveauté et un grand progrès. En réalité, le droit d’ingérence a été pratiqué pendant des siècles par les puissances coloniales contre les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Par les forts contre les faibles. Et c’est justement pour mettre fin à cette politique de la canonnière qu’ont été adoptées en 1945 de nouvelles règles du droit international. La Charte des Nations-unies a précisément interdit aux pays forts d’envahir les pays faibles et ce principe de la souveraineté des Etats constitue un progrès dans l’Histoire. Annuler cette conquête de 1945 et revenir au droit d’ingérence, c’est revenir aux temps des colonies.

Alors, pour nous faire quand même approuver une guerre très intéressée, on joue la corde sensible : le droit d’ingérence serait nécessaire pour sauver des populations en danger. De tels prétextes étaient aussi utilisés dans le temps par la France, la Grande-Bretagne ou la Belgique coloniales. Et toutes les guerres impériales des Etats-Unis se sont faites avec ce genre de justifications.

Avec les Etats-Unis et leurs alliés en gendarmes du monde, le droit d’ingérence appartiendra évidemment toujours aux forts contre les faibles, et jamais l’inverse. L’Iran a-t-il le droit d’ingérence pour sauver les Palestiniens ? Le Venezuela a-t-il le droit d’ingérence pour mettre fin au coup d’Etat sanglant du Honduras ? La Russie a-t-elle le droit d’ingérence pour protéger les Bahreinis ?

En réalité, la guerre contre la Libye est un précédent qui ouvre la voie à l’intervention armée des Etats-Unis ou de leurs alliés dans n’importe quel pays arabe, africain ou latino-américain. Aujourd’hui, on va tuer des milliers de civils libyens « pour les protéger », et demain on ira tuer des civils syriens ou iraniens ou vénézuéliens ou érythréens « pour les protéger » pendant que les Palestiniens et toutes les autres victimes des « forts » continueront à subir dictatures et massacres….

Montrer que l’intervention occidentale viole le droit et nous ramène aux temps des colonies me semble un thème à placer au centre du débat.

Que faire ?

Les Etats-Unis ont baptisé « Aube de l’Odyssée » la guerre contre la Libye. Or, leurs noms de code contiennent toujours un message adressé à notre inconscient. L’Odyssée, grand classique de la littérature grecque antique, relate le voyage de vingt ans entrepris par Ulysse à travers l’univers. A demi-mots, on nous dit ici que la Libye est le premier acte du long voyage des Etats-Unis pour (re)conquérir l’Afrique.

Ils tentent ainsi d’enrayer leur déclin. Mais, au final, ce sera en vain, les Etats-Unis perdront inévitablement leur trône. Parce que ce déclin n’est pas dû au hasard ou à des circonstances particulières, il est dû à leur mode même de fonctionnement. En 1865, le célèbre théoricien libéral du capitalisme Adam Smith soutint le président US Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage : « L’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des Noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres Nations vont se réveiller ».

Mais en fait les Etats-Unis ont remplacé un esclavage par un autre. Au vingtième siècle, ils ont bâti leur prospérité sur la domination et le pillage de pays entiers, ils ont vécu comme des parasites et ils ont par là- même affaibli leurs capacités économiques internes. L’humanité a intérêt à ce que ce système prenne fin définitivement. Même la population des Etats-Unis y a intérêt. Pour qu’on cesse de fermer ses usines, de détruire ses emplois et de confisquer ses maisons afin de payer les bonus des banquiers et les dépenses de guerre. La population européenne aussi a intérêt à une économie non plus au service des multinationales et de leurs guerres, mais au service des gens.

Nous sommes donc à un tournant, quelle « aube » allons-nous choisir ? Celle annoncée par les Etats-Unis, et qui nous mènera vers vingt ou trente années de guerres incessantes sur tous les continents ? Ou bien une aube véritable : un autre système de relations internationales, où personne n’imposera ses intérêts par la force et où chaque peuple choisira librement sa voie ?

Comme à chaque guerre des vingt dernières années, une grande confusion règne dans la gauche européenne. Les discours pseudo-humanitaires relayés par les médias aveuglent parce qu’on oublie d’écouter l’autre version, d’étudier les guerres précédentes, de tester l’info.

Notre site Investig’Action – michelcollon.info s’efforce d’aider chacun à s’informer, à informer et à débattre. Mais nos moyens sont trop limités comparés aux grands médias. Nous lançons donc un double appel à tous ceux qui le peuvent.

1° Rejoignez notre réseau de chercheurs bénévoles pour développer l’analyse des stratégies des Etats-Unis et des autres grandes puissances, l’analyse des relations économiques et politiques ainsi que des guerres en préparation .

2° Rejoignez notre collectif d’analyse critique « Test-médias ».
Un monde sans guerre, ça dépend de chacun de nous.

Notes

[1] S’informer est la clé - Michel Collon lance un appel, http://www.michelcollon.info/S-informer-c-est-la-cle-Un-appel.html
[2] Kosovo, Otan et médias, débat entre Michel Collon, Jamie Shea (porte parole de l’Otan) et Olivier Corten (professeur de droit international), 23 juin 2000, DVD Investig’Action.

Sur son site, il propose également un petit questionnaire en ligne dont je reproduis ici le texte (qui ici n'entre pas en compte pour le site Investig'Action) :
Investig'Action a écrit:Votre avis est important
Avez-vous pu lire l’ensemble du texte composé de trois parties ? :
☐ OUI
☐ NON
☐ Pas encore, mais je vais le faire
Si NON, pourquoi ? :

Pensez-vous que nous devrions en faire AUSSI un livre pour une lecture plus aisée, à un prix accessible (6€) ? :
☐ Oui
☐ Non
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-1-3.html
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-2-3.html
http://www.michelcollon.info/Comprendre-la-guerre-en-Libye-3-3.html

Investig'Action a écrit:Les articles publiés sur michelcollon.info sont libres de droit. Vous pouvez les reprendre sur vos blogs ou sites sans oublier de mentionner la source et l'auteur.
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